
Marie, pasteure ivoirienne et ancienne journaliste, vit à Tunis. Elle héberge Naney, une jeune mère en quête d’un avenir meilleur, et Jolie, une étudiante déterminée qui porte les espoirs de sa famille restée au pays. Quand les trois femmes recueillent Kenza, 4 ans, rescapée d’un naufrage, leur refuge se transforme en famille recomposée tendre mais intranquille dans un climat social de plus en plus préoccupant.

Promis le ciel
Tunisie, 2025
D’Erige Sehiri
Durée : 1h32
Sortie : prochainement
Note :
ON AURA LE CIEL
Cela débute comme un conte de fées : une fillette, telle une princesse, est baignée non pas par sa maman mais par trois femmes qui ici ressemblent à trois marraines. Très vite, la Franco-Tunisienne Erige Sehiri (très remarquée avec sa première fiction Sous les figues sélectionnée à la Quinzaine 2022) déjoue une facilité : ce n’est pas l’enfant qui interroge pour que les adultes nous expliquent tout de manière scolaire. Les adultes, en fait, n’ont pas vraiment de réponse tandis que l’enfant a traversé des épreuves dramatiques. Voilà qui donne un aperçu de la complexité chérie par la réalisatrice dans ce film montré en première mondiale au Festival de Cannes, en ouverture à Un Certain Regard.
Promis le ciel traite d’un sujet encore peu abordé par le cinéma : ici, les tensions entre les Tunisiens et les populations migrantes subsahariennes. Les héroïnes du long métrage (dont Aïssa Maïga et Laetitia Ky, remarquée notamment dans Disco Boy) sont éloignées de tout : à la fois de leur pays d’origine mais aussi de la ville où elles habitent désormais. Ici, on observe un bateau au loin, là, on voit un avion trop haut dans le ciel : tout semble hors de portée. C’est leur monde à elles, à l’horizon étriqué, mais qui suggère tout un monde se déployant autour. Cela rejoint le dispositif de Sous les figues, mais la plus grande radicalité de ce dernier lui donnait à la fois plus de force et plus de caractère.
A la fois dur et lumineux, Promis le ciel se distingue par son écriture nuancée, à la hauteur des enjeux complexes ici racontés. Le film d’Erige Sehiri évoque quelque peu le cinéma de l’Autrichienne Sudabeh Mortezai, elle aussi « venue » du documentaire et dont les drames politiques (dont le brillant Joy) sont rehaussés par des protagonistes qui ont différentes dimensions. Erige Sehiri dit avoir voulu « rendre visibles les invisibles ». Dans Promis le ciel, il est effectivement question de la difficulté à trouver sa place, ici et là dans l’espace d’abord, mais aussi vis-à-vis des lois et vis-à-vis des règles. A l’église, la pasteure encourage à chanter la persévérance – mais est-il encore humainement possible de persévérer ?
| Suivez Le Polyester sur Bluesky, Facebook et Instagram ! |
par Nicolas Bardot