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Mateus et Irene sont mariés depuis 20 ans. Ils vivent dans un appartement luxueux avec leur fils adolescent, dont le mode de vie chaotique et troublé contraste fortement avec le besoin obsessionnel d’ordre de Mateus. Pour fêter leur anniversaire, le couple prévoit une escapade sur une île tropicale. Après avoir reçu des vaccins pour le voyage, la nuit les laisse en proie à des frissons imprévus.
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Primeira pessoa do plural
Portugal, 2025
De Sandro Aguilar
Durée : 1h59
Sortie : –
Note :
ENTRE NOUS
Primeira pessoa do plural : voilà le titre du troisième long métrage réalisé par le Portugais Sandro Aguilar, dévoilé dans la compétition du Festival de Rotterdam. « Troisième personne du pluriel » : voilà également qui ressemble à une périphrase pour éviter de dire « nous ». Primeira pessoa do plural raconte pourtant l’histoire d’une famille, qui se prépare à un voyage, ensemble, vers une île tropicale nécessitant un vaccin. Est-ce ce dernier qui va plonger les membres de la famille dans un indicible état ? Mais au juste, qu’est-ce qui nous dit que cette famille ne se comporterait pas de la même manière dans d’autres circonstances ?
Primeira pessoa do plural se montre immédiatement énigmatique. La caméra serpente comme un reptile au cœur la maison, et dans celle-ci se trouve un homme cagoulé. Ce ne sera pas le seul masque vu dans le long métrage : ici un homme avec un masque en plastique, là une femme avec un masque en broderie – tout le monde, à vrai dire, semble porter un masque dans Primeira. Quels secrets lient les protagonistes, quels secrets habitent la maison ? La direction artistique très généreuse ouvre l’imaginaire tandis que le récit distille ses indices au compte-gouttes. Sandro Aguilar nous plonge ainsi dans un fascinant et fiévreux labyrinthe.
Est-ce l’hôtel semi-hanté de Mal viver/Viver mal (diptyque réalisé par João Canijo il y a deux ans) ? Est-ce une maison hantée gothique ? Primeira pessoa do plural flirte avec l’horreur jusqu’à y plonger lors du dernier segment du film. Tout nous y a préparés avant cela, qu’il s’agisse du climat vénéneux, des étranges rituels (tout est rituel : arroser les fleurs comme essayer des boucles d’oreilles), des insondables chorégraphies de gestes – danses étranges de mains et de doigts.
Pour ce faire, Sandro Aguilar s’appuie sur une forme particulièrement sensorielle. Mi-voyeuriste mi-fétichiste, le film pose ses questions : qui fantasme qui ? Qui mate qui ? La lumière du long métrage est particulièrement remarquable et sculpte l’image pour la rendre ensorcelante. C’est une œuvre de pure mise en scène, de pure narration visuelle, hors du réel et de son protocole – le cinéaste parvenant, en même temps, à composer un récit qui subvertit en un stupéfiant mystère les conventions du portrait familial.
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par Nicolas Bardot