Critique: Première année

Antoine entame sa première année de médecine pour la troisième fois. Benjamin arrive directement du lycée, mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain.

Première année
France, 2018
De Thomas Lilti

Durée : 1h32

Sortie : 12/09/2018

Note : 

Après Hippocrate, sur le quotidien des internes en médecine et Médecin de campagne sur les généralistes dans la France rurale, Thomas Lilti poursuit son auscultation des professionnels de santé. Première année, c’est la fac de médecine, les amphis surchargés, les étudiants surmenés, les nuits blanches passées à réviser. Un plan large sur une salle d’examen bourdonnante où des centaines de têtes anonymes planchent sur leurs copies comme des fourmis ouvrières suffit à révéler cette réalité dans sa dimension anxiogène. C’est là, dans ces rangées de tables bien ordonnées que se joue l’avenir des candidats, leur passage en deuxième année, le choix de leur spécialité. 

Cependant, plutôt qu’une radiographie anxiogène de cette machine à broyer les destins, plutôt qu’un récit d’apprentissage cauchemardesque, Thomas Lilti choisit la voie de la chronique réaliste. Passé lui-même par la case études de médecines, il ne force pas le trait – l’évocation de la grivoiserie de l’esprit carabin paraît bien timide par rapport à ce que l’on imagine – et se concentre davantage sur les séances de révision que sur les cours ou les soirées alcoolisées. On voit ainsi des personnages qui apprennent par coeur et qui récitent comme des robots la liste des os du corps humains comme s’il s’agissait de formules magiques capables de conjurer la pression qui les entoure. Une forme d’absurde semble par moment approcher, mais Lilti ne l’étreint jamais. On peut reprocher au film de rester trop sage et de ne pas dénoncer plus explicitement et férocement la « boucherie pédagogique », dont parle pourtant le réalisateur dans le dossier de presse.

Première année fonctionne essentiellement grâce à ses deux acteurs principaux, Vincent Lacoste et William Lebghil. Le premier livre une nouvelle variation de sa dégaine de boy next door et de son jeu nonchalant. Le second trouve son premier véritable premier rôle et réussit à ne pas se faire dévorer par son partenaire. Leurs personnages sont deux bons gars sans trop d’aspérités, qui ne mettront pas le public mal à l’aise. Public qui verra sans doute d’abord dans ce film l’histoire d’une amitié valant tous les sacrifices plutôt que les sacrifices dont parle Première année.

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par Fabien Randanne

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