Critique : Piranhas

Six garçons parcourent sur leur scooter les rues étroites de Naples. Ils veulent faire de l’argent et s’entrainent au fusile d’assaut sur les toits de la ville. Ils vont peu à peu chercher à contrôler le quartier…

Piranhas
Italie, 2019
De Claudio Giovannesi

Durée : 1h50

Sortie : 05/06/2019

Note : 

LES PETITS GARÇONS

On ne donne pas immédiatement d’âge aux protagonistes de Piranhas (La Paranza dei bambini) – et eux-mêmes essaient de mentir pour avoir le droit de rentrer en boite. Petits malfrats bientôt gangsters, les jeunes garçons du long métrage de l’Italien Claudio Giovannesi ne perdent visiblement pas de temps. Le sujet, inspiré par le livre de Roberto Saviano, pourrait être fort. Le film, à nos yeux, est un ratage total tant il manque de profondeur – à moins qu’une scène où le jeune héros prend conscience de lui-même en se regardant tristement dans le miroir (ce genre de cliché psychologique !) corresponde à une quelconque définition de « profondeur ».

Fascination pour les armes, fascination pour les liasses de billets, fascination pour la déco dorée à la ScarfacePiranhas liste une par une toutes les figures lessivées du genre sans aucun point de vue. C’est ce qui fascine les enfants, et on peut le comprendre, mais c’est aussi ce qui semble amuser le réalisateur – et on le suit moins. Il n’y a pas un moment du film qui traite de cela. Jusqu’au bout, dans un bel élan de camaraderie virile, les garçons se soutiennent, se font un hug viril et poursuivent leurs jeux traités comme tels. Les personnages sont peu écrits, le contexte ne l’est pas plus.

Le public a ri à plusieurs reprises devant La Paranza dei bambini, et c’est tout à fait bien qu’il passe un bon moment. Mais c’est à nos yeux la limite rédhibitoire du long métrage : on rit, on trouve ça sympathique parce qu’il est confortable, se suit sans douleur. Mais sa violence ne fait jamais mal, rien ne fait rien et rien n’est vraiment grave. Le jeune héros, à la beauté de soap opera, participe à tout lisser. Il boit son café à la fenêtre et lance du buongiorno, à croire que le cinéma italien reste obsédé par cette idée de vendre une Italie séduisante – même quand le sujet ne l’est pas.

On passera sur la sainte trinité des personnages féminins (personnages étant un bien grand mot) qui se limite de la plus littérale des manières à la maman adorée, la copine jolie (elle aimerait être miss) et aux putes. Piranhas, vu son sujet, pourrait être filmé comme on dit « à hauteur d’enfant » – mais le film donne surtout l’impression d’avoir été réalisé par un enfant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article