Festival de La Roche-sur-Yon | Critique : Mademoiselle Kenopsia

Décidée à acquitter sa tâche avec dévouement, une femme s’obsède à surveiller et occuper des intérieurs anonymes. À la fois gardienne des lieux et présence fantomatique, elle devient écho à notre rapport au temps, à la solitude et à la mélancolie des espaces vidés d’activité humaine.

Mademoiselle Kenopsia
Canada, 2023
De Denis Côté

Durée : 1h20

Sortie : –

Note :

DANS LA MAISON VIDE

Kenopsia est un terme utilisé pour désigner l’atmosphère d’un lieu désolé, habité par un étrange silence. C’est un motif que le Canadien Denis Côté a pu explorer il y a quelques années avec son film de fantômes Répertoire des villes disparues, dont les décors déliquescents ou à l’abandon créaient une atmosphère assez cinégénique. Dans Mademoiselle Kenopsia, on trouve à nouveau de jolis plans d’intérieurs vides. Répertoire n’inventait rien en termes de tension horrifique ou surnaturelle, mais parvenait à composer un climat relativement intrigant. Le problème de Mademoiselle Kenopsia, à nos yeux, serait plutôt que le film se précipite immédiatement sur les recettes les plus paresseuses et épuisées.

L’héroïne (incarnée par Larissa Corriveau, l’un des atouts du long métrage), va donc déambuler dans des endroits vides, lieux remplis d’un bourdonnement/vrombissement censé nous suggérer que quelque chose d’étrange et d’invisible se trame. C’est la recette de n’importe quel mauvais film d’horreur industriel depuis des années, c’est à peu près tout ce que Kenopsia propose pour mettre en scène l’étrangeté. Plus que la mise en scène, ce sont les dialogues qui tentent d’apporter un peu de trouble. Hélas, on reconnait entre mille l’écriture poseuse et crispante de Côté – le monologue sentencieux sur la fumée de cigarettes et la naissance des cailloux est probablement l’un des moments les plus involontairement drôles de l’année.

Comme souvent chez le cinéaste, une idée est étirée à l’infini pour arriver péniblement à la durée d’un long métrage (ici, 1h20). Et comme toujours, le film est alourdi par cette volonté visible de nous convaincre de son originalité, de sa radicalité ludique – malheureusement ce cinéma manque d’esprit pour être réellement radical. L’héroïne pourrait être un bon catalyseur d’histoires et de questions, mais dans ce contexte assez peu séduisant, on finit par ne plus s’intéresser à une quelconque réponse.

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par Nicolas Bardot

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