Etrange Festival : Liverleaf

Nouvelle venue dans un lycée de province, Haruka a bien du mal à s’intégrer. Petit à petit, les choses dégénèrent et elle est de plus en plus harcelée, jusqu’à ce que ses camarades décident d’incendier sa maison. Ses parents et sa sœur y perdront la vie. Haruka décide de se venger.

Liverleaf
Japon, 2018
De Eisuke Naito

Durée : 1h54

Sortie : –

Note : 

Liverleaf est signé par Eisuke Naito, un jeune réalisateur japonais encore méconnu chez nous mais qui s’est déjà distingué avec des films tel que Let’s Make the Teacher Have a Miscarriage Club. Ce titre était déjà un poème, et préfigure d’une certaine manière l’aspect no-limit de Liverleaf. Liverleaf raconte le calvaire d’une lycéenne, harcelée par ses camarades de classe jusqu’au drame le plus inimaginable. Il ne faut pas forcément chercher en Liverleaf un projet complexe dénonçant les violences scolaires : le film est psychologiquement aussi épais qu’un jambonneau Madrange et sa façon de se jeter dans un immense toboggan de grand-guignol côtoie parfois une certaine stupidité.

Ce n’est, pourtant, pas totalement un défaut. Car la cruauté incroyable de Liverleaf, même en numérique, a quelque chose de très généreux… et de très divertissant. Certes, il y a dans le film des mises à mort qui rappellent les farces dadas et potaches d’un Noboru Iguchi sans qu’on ne sache totalement si l’effet est volontaire. Oui, l’emphase dramatique dans un film en prises de vue réelles passe certainement moins bien qu’avec la mise à distance stylisée d’un manga (et ce film est tiré de l’œuvre du mangaka Rensuke Oshikiri). Mais ce jeu de massacre carrément méchant est assez réjouissant si l’on n’a rien contre les plaisirs très coupables, d’autant qu’avec sa lumière de fin de journée, son absence glacée de musique sur paysages de neige, ce divertissement n’est pas si mal troussé.

Il faut, néanmoins, mettre de côté l’incohérence maousse de faire un film déplorant les violences dont est victime son héroïne alors que le long métrage passe précisément tout son temps à jouer sur la jouissance que l’on prend à ce spectacle d’une violence giga-complaisante. Le tout, parachevé d’un générique de fin culotté où une voix sucrée nous incite à être tous gentils : « please, share your feelings !« . Ceux-ci, face à Liverleaf, sont nombreux… et assez contradictoires.

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par Nicolas Bardot

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