Critique : Les Feuilles mortes

Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Mais la vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur.

Les Feuilles mortes
Finlande, 2023
De Aki Kaurismaki

Durée : 1h20

Sortie : 20/09/2023

Note :

MUSIQUE SAOULE

Qu’attendre en 2023 d’un nouveau film d’Aki Kaurismaki ? Du confort plutôt que du flambant neuf. Le cinéaste finlandais présente Les Feuilles mortes comme un chapitre additionnel à sa « trilogie des classes populaires » des années 80 (Ombres au paradis, Ariel, La Fille aux allumettes), mais honnêtement ce nouveau long métrage ressemble comme deux gouttes d’eau à n’importe lequel de ses autres films. De la même manière que des personnages enchaînent les verres, le cinéaste finlandais nous sert une nouvelle fois son cocktail fétiche dont la recette n’a pas changé d’un gramme. Il n’est pas déplaisant d’être ainsi pris par la main pour un joyeux tour du propriétaire, et les nouveaux venus découvriront avec plaisir cet univers ivre et humaniste, mais ceux qui connaissent déjà bien la maison risquent d’avoir l’impression d’être au musée.

Il faut dire que Les Feuilles mortes est riche en références cinéphiles : Bresson, Ozu, Chaplin… le name-dropping est parfois aussi subtil qu’un cheveu sur la soupe (ou parfois carrément wtf, comme quand le cinéaste cite littéralement The Dead Don’t Die). Mais le cinéma de Kaurismaki possède sa propre petite musique et se soucie heureusement peu du réalisme. L’univers à la fois déglingué et coloré où évoluent ses personnages de rockers losers et de jeunes femmes en imperméables a toujours l’air aussi déconnecté du réel, même si la radio diffuse en boucle des nouvelles d’Ukraine.

Une jeune caissière trop fière pour se laisser exploiter (Zaida Bergroth, déjà épatante dans Tove) rencontre un ouvrier prêt à abandonner l’alcool pour elle. C’est le coup de foudre mais les posters de classiques hollywoodiens placardés un peu partout dans le décor viennent nous chuchoter que les choses seront à la fois plus compliquées et plus magiques que prévu. Et sur ce beau chemin prévisible de comédie romantique, Kaurismaki sème des gags. Certains trahissent son âge ou celui de ses références, tandis que d’autres font preuve d’une morbidité piquante. Ce cocktail est-il désuet ou atemporel? A chaque palais de trancher selon son goût.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article