Critique : Frankie

Frankie, célèbre actrice française, se sait gravement malade. Elle décide de passer ses dernières vacances entourée de ses proches, à Sintra au Portugal.

Frankie
États-Unis, 2019
De Ira Sachs

Durée : 1h38

Sortie : 28/08/2019

Note :

CRÉPUSCULE A SINTRA

S’il tourne depuis les années 90, le réalisateur américain Ira Sachs avait été plus particulièrement remarqué avec Keep the Lights On, drame sentimental semi-autobiographique et au ton assez âpre. Frankie, son nouveau long métrage, se situe davantage dans la lignée de ses récents Love is Strange et Brooklyn Village. Des miniatures en apparence mais qui débordent d’humanité et où le regard bienveillant de Sachs fait merveille. Qu’il raconte le mariage de deux homosexuels vieillissants, le récit d’apprentissage d’un gamin queer ou ici le crépuscule de la vie d’une star, le cinéaste fait preuve d’une tendresse qui transforme ses films en gros câlins.

Frankie s’ouvre silencieusement – c’est la quiétude d’un bord de piscine dans laquelle l’héroïne s’apprête à faire quelques brasses. Le film se déroule au Portugal, à Sintra, où toute une troupe de personnages se retrouvent de manière assez irréelle, comme on se croiserait dans le Paris de Tout le monde dit I Love You chez Woody Allen. La carte postale est assumée, elle est même la substance du long métrage. Sintra est un lieu à part, filmé comme un paradis fleuri. Le décor de conte de fées et l’atmosphère de fantaisie s’éloignent volontairement du réel, mais cette perspective mi-onirique mi-lunaire met l’émotion en valeur.

Il y a dans Frankie ce ton doux-amer que l’on croirait échappé d’un roman graphique américain. Sachs exploite à merveille le timing comique d’Isabelle Huppert mais s’attache également aux personnages secondaires, parmi lesquels celui admirablement interprété par Marisa Tomei. Le récit est fragile mais gracieux, et l’on peut encore une fois applaudir le travail de l’inestimable Rui Poças dont l’attention à la lumière et aux couleurs est ici un outil narratif et émotionnel aussi fort que le scénario ou l’interprétation. Petit film mais grand charme.

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par Nicolas Bardot

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