Sur les plages paradisiaques d’une île grecque, personne ne remarque Jacqueline. Personne sauf Callie, une guide touristique américaine. Leur amitié naissante pourrait guérir Jacqueline d’un traumatisme enfoui et lui permettre d’affronter les fantômes de son passé.
L’Echappée
Royaume-Uni, 2023
De Anthony Chen
Durée : 1h33
Sortie : 24/04/2024
Note :
UNE CHANSON DOUCE
Parmi les vacanciers bronzant sur une plage de Grèce, une femme marche l’air grave sans même regarder l’océan, comme si elle était elle-même à contre-courant. Difficile de la prendre pour une touriste avec sa robe un peu trop sale. Quand elle ne propose pas des massages aux estivantes sur leurs transats, elle tente de voler de la nourriture et de fuir les regards, avant de se réfugier dans une sorte de grotte qui lui sert de logis. Jacqueline (Cynthia Erivo, convaincante) a beau se trouver sur une île grecque paradisiaque, sa détresse n’a d’égale que sa solitude. Du moins jusqu’à ce qu’elle croise la route d’une sympathique guide touristique.
Jacqueline va alors s’ouvrir peu à peu, mais le film a déjà entrepris de nous dévoiler des bouts de son histoire. Tels des nuages passant momentanément dans le ciel azur, une série de flashbacks revient sur sa vie passée, suggérant par touches impressionnistes une histoire d’amour avec une femme à Londres, puis montrant (avec moins de subtilité) la violence de révoltes politiques au Liberia. L’Echappée a le bon goût d’éviter de faire trop de suspens sur la situation de son héroïne, et sa structure narrative est efficace, mais son passage de la douceur à l’éclat est un peu arbitraire.
L’Echappée est le premier film en anglais du cinéaste singapourien Anthony Chen (lauréat de la Caméra d’or à Cannes en 2013 pour Ilo Ilo). C’est également la première fois qu’il ne signe pas lui-même le scénario. On retrouve dans sa mise en scène la douceur de ses précédentes œuvres, mais plus le récit avance vers la gravité, plus on se demande si ses jolies images pastels et sa musique printanière sont vraiment à leur place. L’Echappée est un film accessible et chaleureux, ce sont des qualités qui comptent, mais traiter une histoire si âpre avec un tel confort finit par avoir quelque chose de dérangeant.
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par Gregory Coutaut