Cinéma du Réel 2019 | Critique : Brise-lames

En mars 2011, un tsunami sans précédent frappe le Japon : 20 000 morts et une terre dévastée. Des profondeurs de la mer, les disparus reviennent hanter les vivants. Alors que se dresse un mur titanesque, un brise-lames contre la grande vague, des histoires de fantômes et de revenants se propagent le long de côte japonaise. Le paysage de la reconstruction devient ce monde intermédiaire où le visible et l’invisible se confondent.

 

Brise-lames
France, 2019
De Hélène Robert et Jeremy Perrin

Durée : 1h08

Sortie : –

Note :

CETTE LUMIÈRE QUI VIENT DE LA MER

Brise-lames s’ouvre par des images aussi terribles que stupéfiantes : un film amateur dans lequel on peut voir progresser au loin une vague immense qui va s’abattre sur une ville et emporter de nombreuses vies. Nous sommes en mars 2011 et un tsunami dévaste le Japon, faisant 20.000 victimes. Les Français Hélène Robert et Jeremy Perrin sont allés au Japon non pas pour faire un documentaire sur le tsunami à proprement parler, mais sur la façon dont les vivants aujourd’hui passent leur temps aux côtés des fantômes de ceux qui ont disparu.

Dans Brise-lames, des cas extraordinaires sont évoqués. Des gens verraient des spectres courir sur la mer tandis que des bateaux fantômes vogueraient près des côtes. Un rocambolesque cas de possession questionne mais les croyances ne sont jamais regardées comme des étrangetés. On en parle quotidiennement comme on ferait du small talk chez le coiffeur. Et « on y croit ou pas » comme le dit le barman, mais la seule certitude c’est que « personne ne sait ».

La mise en scène en retrait de Robert et Perrin met en valeur l’étrangeté des récits. Mais en s’en remettant au surnaturel, Brise-lames et ses intervenants parlent d’une humanité bien réelle. C’est un film sur le deuil, et sur le temps consacré au silence. Et c’est un film qui parle d’un choc si terrible et inimaginable que le surnaturel s’impose de lui-même. Comme une explication ou une consolation. Il y a un moment dans Brise-lames où l’on ne sait plus trop si ce sont les esprits qui accompagnent les vivants ou si les vivants accompagnent les esprits. Mais c’est cette coexistence qui est émouvante et que les réalisateurs observent avec bienveillance.

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par Nicolas Bardot

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