Festival de San Sebastian | Critique : Bound in Heaven

Une femme victime de violence conjugale rencontre un homme condamné par la maladie. Ils tombent amoureux et s’enfuient ensemble.

Bound in Heaven
Chine, 2024
De Huo Xin

Durée : 1h49

Sortie : –

Note :

HELL IS FOR CHILDREN

La Chinoise Huo Xin réalise son premier long métrage avec Bound in Heaven, sélectionné coup sur coup aux festivals de Toronto et de San Sebastian. Mais la cinéaste n’est pas totalement une inconnue puisqu’elle s’est déjà illustrée en tant que scénariste, notamment sur la comédie dramatique Shower de Yang Zhang ou la comédie d’action Crazy Kung-Fu de Stephen Chow – des titres qui ne laissent présager en rien de ce que peut être Bound in Heaven. Soit un drame romantique qui n’a jamais peur de voir grand, très grand, et ce de plus en plus au fil du film.

« C’était de la légitime défense » indique l’héroïne interrogée lors de la première scène. On devine un drame et effectivement, la vie de Xia Yo n’est pas un lit de roses – elle vit un enfer auprès d’un mari extrêmement violent. Elle fait, par hasard, la rencontre d’un charmant jeune homme, Xu Zitai, et leurs vies vont basculer comme ils n’oseraient l’imaginer. Saluons la qualité du casting, avec dans les rôles principaux les magnifiques Ni Ni (découverte dans The Flowers of War de Zhang Yimou) ey You Zhou (vu notamment dans Courir au gré du vent et Only the River Flows de Wei Shujun ainsi que Les Feux sauvages Jia Zhang-ke). Ce triangle est complété par l’impressionnant Fan Liao (apprécié dans Black Coal et Le Lac aux oies sauvages de Diao Yinan mais aussi Les Éternels de Jia Zhang-ke). Une bonne partie du feu qui habite Bound in Heaven vient de cette distribution.

Le regard de Huo Xin n’est pas pour rien dans le souffle romanesque qui traverse le long métrage – on se pince en pensant qu’il ne s’agit que de son premier essai. Formellement inspiré et élégant, Bound in Heaven vibre de couleurs ravissantes. Le film va de Shanghai à Chongqing en passant par Wuhan, en épousant leurs caractéristiques. C’est l’une des autres forces du long métrage – cette puissante expressivité de la nature et de l’architecture dans le cadre. Huo Xin a pu compter sur Piao Songri, talentueux directeur de la photographie dont on a déjà pu voir le remarquable travail sur The Crossing de Bai Xue ou The Shadowless Tower de Zhang Lu.

Difficile de reprocher à un film d’être trop beau mais peut-être que tout ce vernis prive parfois le film d’un peu plus d’aspérité, de profondeur. Mais il y a ici une indéniable générosité : il ne s’agit jamais d’un drame conjugal étriqué ; il y a au contraire une grande ampleur romanesque avec les cieux comme seule limite. L’envie dont fait preuve ce premier essai a quelque chose qui, malgré la dimension tragique du récit, est irrésistiblement galvanisant.

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par Nicolas Bardot

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