Critique : Storia di vacanze

La chaleur de l’été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette paisible banlieue pavillonnaire des environs de Rome. Des familles joyeuses, qui parviennent à créer l’illusion de vraies vacances malgré leurs faibles moyens. Des familles normales. Enfin presque. Car leurs enfants vont bientôt pulvériser le fragile vernis des apparences…

Storia di vacanze
Italie, 2020
De Fabio & Damiano D’Innocenzo

Durée : 1h38

Sortie : 13/10/2021

Note :

AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS

La voix-off de Storia di vacanze nous prévient immédiatement : l’histoire qu’on va nous raconter est mystérieuse. La musique elle aussi joue une partition installant une atmosphère de mystère. La voix-off encore elle ajoute qu’on pourra ressentir des choses invisibles, qui ne sont pas écrites dans le récit qu’elle lit. Tout cela est d’une ironie totale dans un film qui a immédiatement besoin de faire des appels de phares pour montrer combien il est étrange, et où tout est écrit, dit, sur-dit et surjoué.

Storia di vacanze se déroule dans une banlieue italienne morose exclusivement peuplée de beaufs. C’est ainsi que les protagonistes sont dépeints, à l’image de ce voisin looké comme Brad Pitt dans Burn After Reading. A la manière d’un Sorrentino, les frères D’Innocenzo donnent l’impression de se pincer le nez pour parler de personnages vulgaires mais emploient des moyens de cinéma aussi vulgaires que ce dont ils parlent.

Storia di vacanze est le genre de film qui comme dans un Jeunet d’il y a 20 ans fait du mouvement avant de caméra sur un enfant qui rit, avec des gros plans sur de vilaines dents. Il y a un sujet à exploiter – dans le politique, le fantastique, les deux – avec cette jeune génération condamnée à grandir dans ce décor de morts-vivants, mais le regard exclusivement méprisant des cinéastes nous a rapidement découragés. Des réalisateurs comme Roy Andersson, Ulrich Seidl ou Todd Solondz méprisent-ils leurs personnages ? A nos yeux non, car être d’un mauvais esprit mordant n’empêche pas un sincère attachement. Dans ce Storia di vacanze ringard et surchargé, il n’y a qu’une suffisance grasse et regrettable qui ressort.

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par Nicolas Bardot

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