Critique : Alis

Comment se construire une « nouvelle vie » quand on est né dans la pauvreté ? Par un acte créatif, huit adolescentes ayant vécu dans les rues de Bogota donnent vie à une camarade de classe fictive.

Alis
Colombie, 2022
De Clare Weiskopf et Nicolás van Hemelryck

Durée : 1h24

Sortie : 25/01/2023

Note :

A QUOI REVE UNE JEUNE FILLE ?

Alis est un documentaire dont le dispositif est d’une simplicité radicale : face à une caméra qui ne bouge jamais, des adolescentes se succèdent pour venir nous regarder dans les yeux et nous parler. Ces jeunes filles vivent toutes dans un pensionnat réservé aux familles défavorisées, elles n’ont pas encore l’âge d’être adulte mais n’ont aucune naïveté sur la dureté de leurs conditions, et ont toutes un rapport contrarié au monde extérieur. Pourtant, les histoires qu’elles viennent raconter possèdent encore quelque chose de l’enfance. L’œil rêveur et le sourire aux lèvres, elles jouent à imaginer.

Elles imaginent chacune la vie rêvée d’Alis, une amie imaginaire. Ces aventures pourraient être fantasques, mais elles collent au contraire à la réalité de chacune. A travers Alis, ce sont d’elles-mêmes dont elles parlent. Alis n’existe pas à proprement parler, mais on pourrait tout aussi bien dire qu’elle existe dans le cœur de chacune. Aussi charmant qu’il soit, cet exercice thérapeutique répétitif ne permet pas autant de variations qu’on pourrait le souhaiter mais parvient pourtant plus d’une fois à faire naitre l’émotion là où ne l’attend pas (il faut voir ses gamines parler de choses très dures vêtues de t-shirt Daisy ou Bugs Bunny). Derrière ses austères apparences, Alis est un agréable appel à laisser aller son imagination.

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par Gregory Coutaut

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