Etrange Festival : A Vigilante

Alors qu’elle a elle-même été violentée étant plus jeune, Sadie est devenue une vengeresse, une femme qui vient au secours des personnes victimes de violences domestiques.

A Vigilante
Etats-Unis, 2018
De Sarah Daggar-Nickson

Sortie : NC

Note : 

Olivia Wilde (Sadie) cogne frénétiquement sur un punching-ball. Cette entame semble confirmer ce que A Vigilante laisse augurer sur le papier. Soit un thriller énervé avec une héroïne badass prête à dézinguer les tyrans domestiques. Cette première impression se révèle erronée car le film ne cesse par la suite de prendre à rebours les attentes que le titre paraissait promettre. Sadie est effectivement une « justicière » à sa manière mais contrairement aux vigilante movies traditionnels qui enchaînent sans complexe les scènes de torture au nom d’une loi du Talion prétendument cathartique, ici, une grande partie de la violence est laissée hors-champ. Parfois, des ellipses conduisent au faux-raccord lorsque le visage propret d’un mari violent se transforme, dans le plan suivant, en tronche tuméfiée. 

Par ce parti-pris, la scénariste et réalisatrice Sarah Daggar-Nickson refuse la logique d’une expiation qui s’accomplirait « œil pour œil, dent pour dent », ce qui reviendrait à mettre sur le même plan les coups infligés aux bourreaux du quotidien et ceux que ces derniers assènent aux femmes et/ou aux enfants qu’ils maltraitent. Les bas-instincts du spectateur, son appétit de cruauté – une faim parfaitement décomplexée car il semble moralement acceptable de se repaître des souffrances subies par un salaud, qui plus est dans une fiction – ne sont jamais rassasiés dans A Vigilante. En revanche, le public est régulièrement confronté, durant une heure trente, aux violences physique et psychologique subies par des femmes et des gamins. 

A Vigilante n’est donc pas un film d’exploitation qui se cherche une caution dramatique mais plutôt un drame qui recourt aux codes du cinéma de genre pour délivrer son message. Les violences domestiques ne sont ici jamais utilisées comme un prétexte cynique à des scènes sordides flattant le voyeurisme du public. Elles sont évoquées sans ambages et dénoncées. A Vigilante s’impose enfin comme une oeuvre politique, qui ne présente jamais son héroïne comme une machine à cogner mais comme une femme meurtrie – dans tous les sens du terme – s’inscrivant dans l’action pour ne pas sombrer. C’est précisément dans sa fragilité que Sadie trouve sa force. Si elle part au front, ce n’est pas pour gagner une guerre (l’anéantissement de toutes les violences faites aux femmes) qu’elle sait perdue d’avance, mais parce qu’elle peut remporter mille batailles (et sauver autant de victimes). Survivante, elle sait tout ce qu’il y a à perdre.

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par Fabien Randanne

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