Festival de Rotterdam | Critique : Wondrous Is the Silence of My Master

Le chef d’un petit groupe de rebelles monténégrins du XIXe siècle est forcé de se retirer dans des climats plus chauds du sud de l’Italie afin de se guérir de la tuberculose. Alors que sa santé décline, son serviteur se languit de sa terre natale.

Wondrous Is the Silence of My Master
Monténégro, 2025
De Ivan Salatić

Durée : 1h33

Sortie : –

Note :

L’AVENTURE INTÉRIEURE

Le Croate Ivan Salatić s’est signalé il y a quelques années avec son premier long métrage, intitulé You Have the Night, qui a été montré entre autres à la Mostra de Venise et au Festival de Rotterdam. C’est justement à Rotterdam que son second film, Wondrous is the Silence of My Master, fait sa première mondiale où il est présenté en compétition. Wondrous is the Silence… est un récit historique s’inspirant librement de l’histoire du souverain, poète et philosophe monténégrin Petar II Petrović-Njegoš, qui a vécu au 19e siècle. Librement, la précision est importante car Ivan Salatić détourne les attentes du film historique et de ses héros.

Pour incarner un temps passé, plutôt qu’un faste de reconstitution, Salatić privilégie plutôt le minimalisme – des décors comme des costumes. Cette soustraction déjoue certains clichés tandis que le film se distingue par un bel usage dramatique de la lumière, qu’il s’agisse des intérieurs comme des extérieurs ; à quoi s’ajoute également une remarquable composition des cadres. Ivan Salatić peut compter sur l’excellent directeur de la photographie Ivan Marković, qui a brillé sur ses collaborations avec Angela Schanelec (J’étais à la maison, mais…, Music) mais aussi sur le documentaire de Marta Popivoda Landscapes of Resistance et qu’on avait rencontré à l’occasion de son propre film en tant que réalisateur, From Tomorrow on, I Will.

L’austérité intransigeante de la narration est néanmoins un pari que le film ne relève, à nos yeux, pas toujours – le récit, qui n’est pas d’une générosité extraordinaire, est parfois figé émotionnellement tandis que la santé de son protagoniste décline. Wondrous is the Silence of My Master sait trouver des moyens inattendus pour être expressif, notamment dans sa manière de mettre en scène le décor, là où la nature et le sentiment d’appartenance qui y est lié semblent autant parler que les personnages. Ce voyage intérieur et extérieur, porté par un usage notable de la musique et où l’on croise des visages imprévus (comme la trop rare réalisatrice Valérie Massadian), s’avère suffisamment singulier pour retenir l’attention.

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par Nicolas Bardot

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