
Quels sont les films à ne pas manquer en avril ? Le Polyester vous propose sa sélection de longs métrages à découvrir en salles.

• Deux sœurs, Mike Leigh (2 avril)
L’histoire : Pansy est rongée par la douleur physique et mentale et son rapport au monde ne passe que la par colère et la confrontation. Son mari Curtley ne sait plus comment la gérer, tandis que son fils Moses vit dans son propre monde. Seule sa sœur, Chantelle, la comprend et peut l’aider.
Pourquoi il faut le voir : Le Britannique Mike Leigh signe l’un de ses meilleurs films avec ce drame féroce et curieusement drôle sur une héroïne hors du commun. Entourée d’une brillante distribution, Marianne Jean-Baptiste livre l’une des performances de l’année dans ce long métrage élégant qui explore avec ambigüité les prisons familiales.

• Jeunesse (les tourments), Wang Bing (2 avril)
L’histoire : Les histoires individuelles et collectives se succèdent dans les ateliers textiles de Zhili, plus graves à mesure que passent les saisons. Fu Yun accumule les erreurs et subit les railleries de ses camarades. Xu Wanxiang ne retrouve plus son livret de paie. Son patron refuse de lui verser son salaire. Du haut d’une coursive, un groupe d’ouvriers observe leur patron endetté frapper un fournisseur. Dans un autre atelier, le patron a décampé. Les ouvriers se retrouvent seuls, spoliés du fruit de leur travail…
Pourquoi il faut le voir : Second volet de la trilogie que le Chinois Wang Bing a entamée avec Jeunesse (le printemps), Jeunesse (les tourments) poursuit le portrait puissant d’une génération écrasée par la déshumanisation ultra-capitaliste. Le cinéaste met en scène une nouvelle immersion vertigineuse et parvient à insuffler de l’humanité là où un système infernal fait tout pour robotiser les êtres et les vies.

• The Grill, Alonso Ruizpalacios (2 avril)
L’histoire : C’est le coup de feu dans la cuisine du Grill, restaurant très animé de Manhattan. Pedro, cuisinier rebelle, tente de séduire Julia, l’une des serveuses. Mais quand le patron découvre que l’argent de la caisse a été volé, tout le monde devient suspect et le service dégénère.
Pourquoi il faut le voir : Dévoilé en compétition à la Berlinale l’an passé, The Grill est un film choral électrique où la brigade de cuisine cosmopolite d’une restaurant new-yorkais devient la métaphore de tout une société. Le Mexicain Alonso Ruizpalacios confirme son habileté éclectique avec ce long métrage-tourbillon porté par un remarquable casting.

• La Jeune femme à l’aiguille, Magnus von Horn (9 avril)
L’histoire : Copenhague, 1918. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre Alors qu’elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d’adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.
Pourquoi il faut le voir : Sélectionné l’an passé en compétition au Festival de Cannes, La Jeune femme à l’aiguille est un étourdissant cauchemar adapté d’un fait divers. Le Suédois Magnus von Horn fait preuve d’une grande maestria formelle et met de côté les recettes attendues du portrait-de-femme-digne pour signer un conte gothique et cruel dont les actrices sont incroyables.

• Toxic, Saulé Bliuvaité (16 avril)
L’histoire : Rêvant d’échapper à la morosité de leur quartier, Marija et Kristina, 13 ans, se rencontrent dans une école de mannequinat locale. Les promesses d’une vie meilleure malgré la concurrence ardue, les poussent à brutaliser leur corps, à tout prix. L’amitié des deux adolescentes leur permettra-t-elle de s’en sortir indemnes ?
Pourquoi il faut le voir : Léopard d’or au dernier Festival de Locarno, ce premier film de la Lituanienne Saulé Bliuvaité est l’une des révélations de l’année. A travers des cadres puissamment composés et un ton d’une brutale honnêteté, la cinéaste signe un récit d’apprentissage où les jeunes héroïnes se heurtent à un monde où les règles sont conçues pour qu’elles perdent.

• L’Arbre de l’authenticité, Sammy Baloji (30 avril)
L’histoire : Au cœur de la forêt congolaise, les vestiges de la station de recherche Yangambi INERA, dédiée à l’agriculture tropicale, révèlent le poids du passé colonial et ses liens avec le changement climatique actuel. À travers les voix de Paul Panda Farnana et Abiron Beirnaert, deux scientifiques ayant travaillé à Yangambi entre 1910 et 1950, L’Arbre de l’Authenticité retrace la destruction écologique amorcée pendant la colonisation belge.
Pourquoi il faut le voir : Distingué en début d’année au Festival de Rotterdam, L’Arbre de l’authenticité est un remarquable documentaire qui traverse le temps et raconte comment se croisent l’Histoire du racisme et ses conséquences en termes d’écologie. Avant sa prochaine diffusion sur Arte, ce film sera diffusé en avant première le 14 avril à Paris au Christine Cinéma Club puis le 30 avril au Jeu de Paume. D’autres projections auront lieu de mai à octobre.

• A New Old Play, Qiu Jiongjiong (30 avril)
L’histoire : Grand acteur-clown de l’opéra du Sichuan, Qiu Fu n’est plus. L’artiste quitte à contrecœur la vie terrestre pour le monde souterrain, où il est accueilli par Tête de Bœuf et Visage de Cheval, les deux gardiens du lieu. Alors qu’il revit une dernière fois ses souvenirs avant d’entrer dans l’Au-delà, cinquante années d’art, de lutte et d’amour défilent sur fond d’histoire tumultueuse de la Chine du XXe siècle…
Pourquoi il faut le voir : Film-fleuve de 3 heures, A New Old Play, primé au Festival de Locarno, est une œuvre d’une remarquable inventivité formelle. Le Chinois Qiu Jiongjiong apporte sa sensibilité de peintre dans cette majestueuse fresque et signe une surprenant voyage esthétique, à la fois ambitieux, moderne et généreux.

• Tu ne mentiras point, Tim Mielants (30 avril)
L’histoire : Irlande, 1985. Modeste entrepreneur dans la vente de charbon, Bill Furlong tache de maintenir à flot son entreprise, et de subvenir aux besoins de sa famille. Un jour, lors d’une livraison au couvent de la ville, il fait une découverte qui le bouleverse. Ce secret longtemps dissimulé va le confronter à son passé et au silence complice d’une communauté vivant dans la peur.
Pourquoi il faut le voir : Primé l’an passé à la Berlinale, Tu ne mentiras point est l’adaptation du beau roman signé par l’Irlandaise Claire Keegan, Ce genre de petites choses. Le Belge Tim Mielants met en scène un drame solide qui reste assez fidèle à la retenue du matériau d’origine : derrière le grand drame historique, une humble fable sur la bonté.
Nicolas Bardot
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