Les 12 meilleurs courts métrages de la Berlinale 2025

L’excellente compétition officielle des courts métrages de la Berlinale a été l’un des temps forts de cette 75e édition. Ajoutez à cela les stimulantes découvertes sélectionnées dans les autres programmes du festival (notamment les sections Generation et Forum Expanded), et vous obtenez un panorama très riche qui va de l’animation au documentaire en passant par l’expérimental. Nous vous proposons notre sélection de nos 12 courts favoris, auxquels s’ajoute bien sûr l’excellent et imprévisible Koki, Ciao de Quenton Miller, lauréat du Cupra Film Award et déjà mentionné dans notre focus sur les meilleurs courts de Rotterdam où il avait fait sa première mondiale.



 Autokar | Sylwia Szkiłądź (Belgique)
L’histoire : Dans les années 90, Agata, une petite fille, quitte la Pologne pour la Belgique. Angoissée par ce périple, la fillette écrit une lettre à son père resté au pays, mais son crayon tombe et se perd dans le bus. Obligée de surmonter sa timidité, elle se faufile entre les sièges à la recherche du crayon, plongeant dans un univers fantastique, peuplé d’étranges passagers mi-humains, mi-animaux.
Pourquoi on l’aime : La Belge d’origine polonaise Sylwia Szkiłądź puise librement dans sa propre expérience pour ce beau court d’animation. Empruntant aux contes enfantins, la réalisatrice fait un usage à la fois minimaliste et remarquable des couleurs, tout en composant une atmosphère nocturne et angoissée. Dévoilé dans la section Generation (dédiée aux jeunes publics, mais pas que), Autokar se distingue par un travail imaginatif et poétique sur les échelles, soulignant ainsi la sensibilité de son histoire.



 Because of (U) | Tohé Commaret (France)
L’histoire : Laura, une jeune femme, est prise au piège d’une relation toxique avec un célèbre rappeur. Après une violente dispute avec lui, sa réalité commence à se déformer. Alors qu’elle erre dans une banlieue fantomatique, son isolement devient à la fois géographique et affectif.
Pourquoi on l’aime : Présenté en compétition, Because of (U) brille par une écriture minimaliste qui parvient à avoir un pouvoir particulièrement évocateur. C’est aussi le succès de son actrice Emma Gonzales-Commaret et tout ce qu’elle peut transmettre sans parler. Pour évoquer une relation toxique et la solitude de sa protagoniste, tout est dans le cadre et tout est hors du cadre à la fois dans la remarquable mise en scène de la cinéaste française.



 Casa chica | Lau Charles (Mexique)
L’histoire : Après la séparation de leurs parents, Quique, 11 ans, et Valentina, 5 ans, emménagent dans un petit appartement sous la garde de leur mère. Lors de leur premier dimanche avec leur père, celui-ci les présente à sa « nouvelle famille ». Les enfants découvrent alors que leur demi-sœur a le même âge que Valentina.
Pourquoi on l’aime : Juste le quotidien d’enfants turbulents dans leur monde – Casa chica (présenté en compétition) nous immerge dans une réalité à hauteur d’enfants, mais le film ne se limite pas à cette formule parfois un peu creuse. En basculant audacieusement la narration entre la sœur et le frère, la Mexicaine Lau Charles enrichit avec intelligence les points de vue de l’enfance sur la famille et l’expérience de sa reconstitution. Un décor qu’on croit familier mais auquel Lau Charles apporte sa personnalité.



 Casi septiembre | Lucía G. Romero (Espagne)
L’histoire : Alejandra, une jeune femme qui vit avec sa famille dans un modeste camping d’une ville balnéaire, passe son quotidien entre routine et amours saisonnières passagères. Le monde d’Alejandra prend une tournure inattendue un soir lorsqu’elle rencontre Amara, une citadine qui rayonne de confiance et de mystère.
Pourquoi on l’aime : Déjà remarquée avec son très prometteur Cura sana (qui faisait partie de notre dossier sur les meilleurs courts de la Berlinale de l’an dernier), l’Espagnole Lucía G. Romero passe au niveau supérieur avec ce nouveau film présenté en compétition. On croit connaître ce décors d’amours de vacances, mais Lucía G. Romero déploie un sens du romanesque qu’on n’avait pas vu venir dans ce récit queer aux personnages puissants. Elégamment mis en scène, ce film au ton vif possède une écriture subtile qui laisse une place vibrante à l’irrésolu.



 Children’s Day | Giselle Lin (Singapour)
L’histoire : Xuan est une élève de primaire dans une école pour filles. Son père est autoritaire et distant, tandis que sa mère est très occupée par son nouveau bébé. Effacée et réservée, Xuan est souvent intimidée et négligée par ses deux sœurs aînées comme ses camarades. Un jour, elle se lie d’amitié avec Maggie, une fille gentille mais privilégiée, et les deux forment un lien discret.
Pourquoi on l’aime : Dans Children’s Day (sélectionné en compétition), la Singapourienne Giselle Lin explore l’émouvant contraste qui se trouve entre le cocon rose dans lequel vivent des jeunes filles et les cruautés qu’elles doivent affronter, à la maison ou à l’école. Avec une poignante sensibilité, Giselle Lin déjoue les recettes du récit d’apprentissage dont les protagonistes devraient fatalement apprendre à s’endurcir pour affronter le monde : au contraire, Xuan apprend avant tout à accepter et chérir sa propre sensibilité.



 Extracurricular Activity | Dean Wei & Xu Yidan (Chine)
L’histoire : Une lycéenne et un lycéen sollicitent en pleine nuit l’aide de la mère de ce dernier. Le sujet n’est pas abordé et le silence persiste. La mère va accompagner les jeunes et prendre une décision.
Pourquoi on l’aime : Présenté en compétition, Extracurricular Activity est une nouvelle découverte remarquable du jeune cinéma chinois. Dean Wei et Xu Yidan construisent un récit elliptique qui parvient à être à la fois très direct et très pudique. Remarquablement mis en scène, Extracurricular Activity surprend également par l’écriture de ses personnages dont les dynamiques et interactions évitent intelligemment les clichés.



 Mother’s Child | Naomi Noir (Pays-Bas)
L’histoire : Mère aimante et soignante à plein temps, Mary vit chaque jour comme un combat. Elle a du mal à comprendre pleinement les besoins de son fils en situation de handicap. Patauger dans le désordre bureaucratique qui accompagne la prestation de soins l’isole, la prive de soutien et de sommeil. Après avoir reçu un nouveau coup dur de la part d’un administrateur obtus, la réalité commence à devenir floue.
Pourquoi on l’aime : Egalement sélectionné en compétition, Mother’s Child est porté par une animation surprenante et anguleuse dont les silhouettes dramatiques évoquent Egon Schiele et suggèrent une violence même quand celle-ci est absente à l’écran. La Néerlandaise Naomi Noir signe une merveille surréaliste et profondément humaine, qui compte parmi les tout-meilleurs films vus à la Berlinale. 



 Ordinary Life | Yoriko Mizushiri (Japon)
L’histoire : La vie ordinaire se répète tous les jours. La succession de moments que l’on répète encore et encore n’est jamais la même, tout change et vacille. Au moment où nous touchons quelque chose, notre conscience peut aller à un endroit qui n’existe nulle part dans le passé, ni dans le futur.
Pourquoi on l’aime : Remarquée notamment avec son court métrage Anxious Body qui fut sélectionné à la Quinzaine en 2021, la Japonaise Yoriko Mizushiri est de retour avec ce court métrage d’animation qui présente une étrange chorégraphie de gestes, tous mis en scène au ralenti. Ceux-ci forment une rêverie surréelle, où le découpage délicat donne une vibration étrange au quotidien. Le style unique de la réalisatrice fait une nouvelle fois merveille dans cette expérience aux couleurs tendres, lauréate de l’Ours d’argent.



 Pidikwe | Caroline Monnet (Canada)
L’histoire : Présentant des femmes autochtones de générations diverses, Pidikwe intègre danse traditionnelle et contemporaine dans un tourbillon audiovisuel qui se situe aux frontières du cinéma et de la performance, quelque part entre le passé et l’avenir. ‍
Pourquoi on l’aime : Sélectionné au Forum Expanded (section dédiée à des projets plus expérimentaux) Pidikwe s’appuie sur un paradoxe : un dispositif minimaliste et répétitif qui parvient à devenir particulièrement expressif et galvanisant. La Canadienne Caroline Monnet met en scène ses danseuses indigènes comme des divinités en transe dans ce court métrage aussi envoûtant que flamboyant, où les costumes sont la clé d’une invitation à voyager dans le temps, les cultures et les identités.



 Stone of Destiny | Julie Černá (Tchéquie)
L’histoire : Le voyage d’une pierre. Sur un chemin rempli de rencontres mystérieuses et de symboles cachés, cette pierre est animée par un désir de liberté mais aussi par la peur de l’échec. Elle s’installe dans une villa en bord de mer, mais même ici, sa vie est assombrie par le doute.
Pourquoi on l’aime : C’est l’adorable ovni de cette édition – Stone of Destiny raconte les péripéties d’un petit caillou chantant. Cette pierre semble être atteinte d’une certaine mélancolie mais sa ritournelle est insouciante. Le trait enfantin et les blocs de couleurs ont quelque chose de naïf, mais cela ne limite pas l’imaginaire ambitieux de cette captivante pépite, qui figurait en compétition.



 Their Eyes | Nicolas Gourault (France)
L’histoire : Their eyes explore le quotidien de travailleur.se.s du Venezuela, du Kenya et des Philippines, annotant encore et encore des images pour des voitures autonomes américaines. Ils façonnent ainsi la manière dont les machines voient un monde dont ils sont eux-mêmes exclus.
Pourquoi on l’aime : Que font les protagonistes de Their Eyes ? On découvre peu à peu, pixel après pixel, la tâche que ces « petites mains » exécutent depuis l’autre bout du monde pour un géant de l’électronique : cartographier détail après détail des lieux qu’ils n’auront jamais l’occasion de voir de leur propres yeux. Nicolas Gourault compose un puzzle passionnant qui dévoile progressivement un monde secret et une réalité sociale invisible. Dans son basculement final, le film provoque un vertige qui fut l’un des moments forts de cette Berlinale.



 Through Your Eyes | Nelson Yeo (Singapour)
L’histoire : Quatre protagonistes se retrouvent dans une mystérieuse boite de nuit.
Pourquoi on l’aime : Après s’être déjà distingué tout récemment au Festival de Rotterdam avec Durian, Durian qui figure dans notre dossier des meilleurs courts métrage de cette édition, le Singapourien Nelson Yeo fait coup double avec le flamboyant Through Your Eyes, en compétition courts à la Berlinale. Dans ce film aux couleurs chatoyantes, les clients et travailleurs d’un night club mélancolique semblent cacher un secret fantastique – à moins qu’il ne soit question du secret renfermé par le lieu en lui-même? La bande sonore est enveloppante et les idées visuelles sont séduisantes dans cette petite perle imprévisible. 


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