Festival CPH:DOX | Critique : Grand Me

Une fillette iranienne de 9 ans envisage de poursuivre ses parents en justice suite à leur divorce amer, dans un film réalisé par sa tante. 

Grand Me
Belgique/Iran, 2024
De Atiye Zare Arandi

Durée : 1h18

Sortie : –

Note :

ET MOI ET MOI ET MOI

Au générique de début, c’est d’abord sous le titre Granddaughter (soit petite fille en anglais) que nous est présenté ce documentaire. Rapidement, le mot daughter est rayé en remplacé par Me, signé d’une écriture enfantine. Grand Me est effectivement raconté à la première personne puisqu’il débute comme un journal intime par la jeune héroïne qui utilise son téléphone pour filmer son quotidien de fillette de neuf ans. Ce n’était peut-être pas le but visé, mais le coté pompeux de ce titre définitif (on pourrait traduire par « la grande moi ») colle ironiquement plutôt bien à l’égo de cet enfant turbulente et tête à claques.

Son énergie envahissante donne lieu à des situations tantôt amusantes (elle mord sa grand-mère qui menace de montrer son carnet de notes à la caméra), tantôt malaisantes (elle fait pleurer sa mère qui lui chevrote « j’ai l’impression que tu me juges en permanence » tout en s’excusant d’être sur son chemin). A chaque fois, une question demeure : même si ces images-là n’étaient pas originellement destinées à sortir d’un cadre privé, comment cette gamine s’autorise-t-elle à filmer les adultes comme ça ? Sa pénibilité contamine le film qui semble s’attendrir avec complaisance de tant de colère mal gérée, mais Grand Me va heureusement quelque part.

Le réalisatrice de Grand Me est la tante de l’héroïne et si c’est effectivement cette dernière qui tient la caméra (ou plus exactement le téléphone) dans la première partie du film, tantine prend peu à peu le relais et se met à filmer ailleurs, en direction du reste de la famille, dont la situation se dévoile dans son amère complexité. La fillette qui se croyait le centre du monde au point de menacer de procès sa propre mère pour s’être séparée de son père (non mais que fait Super Nanny ?) se retrouve ballottée par un système qui la dépasse, et passe d’héroïne à figurante sans libre arbitre dans un documentaire plus ambitieux et triste que prévu.

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par Gregory Coutaut

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