Entretien avec Marie Jacotey et Lola Halifa-Legrand

Un couple conduit sur les routes de Provence, mais leur chemin va prendre une tournure parfaitement inattendue. Désormais visible sur la chaîne YouTube Bang Bang, Filles bleues, peur blanche des Françaises Marie Jacotey et Lola Halifa-Legrand est un film d’animation qui a le sens de l’énigme. Ce court à la formidable inventivité visuelle met en lumière des talents à suivre. Marie Jacotey et Lola Halifa-Legrand sont nos invitées.


Quel a été le point de départ de Filles bleues, peur blanche ?

L’idée du film est née lors d’une exposition de Marie à la galerie Hannah Barry à Londres. Lola, qui, à ce moment-là, commençait à écrire, a été frappée par la cinématographie des peintures de Marie et ce qu’elles contenaient de vénéneux. Elle a eu envie d’imaginer un scénario pour les personnages féminins de Marie et lui a proposé une histoire d’amazones qui est ensuite devenue Filles bleues, peur blanche

Le film est né de nos intérêts communs pour des sujets plus ou moins classiques:  la jalousie au sein d’un couple, les histoires du passé qui nous habitent, l’ambivalence des relations féminines teintées de désir, de compétition et d’admiration parfois, la violence des pulsions dans une relation passionnelle…. Autant de thématiques que le film touche sans pour autant être descriptif…



Une large partie de ce que l’on ressent devant Filles bleues, peur blanche vient du traitement visuel. Qu’est-ce qui vous a décidé à utiliser cette technique d’animation pour raconter cette histoire en particulier ?

La technique d’animation était une donnée de départ vu que le traitement visuel du film est basé sur l’univers pictural de Marie. Ugo Bienvenu, la bonne fée de ce de film, nous a aidées à développer des outils techniques pour pouvoir rester le plus fidèle possible aux dessins de Marie. Il nous importait de raconter cette histoire de délire paranoïaque de manière pulsionnelle, en immersion avec le personnage principal. L’idée consistait à « faire rentrer » le spectateur dans le film mental de Flora pour y découvrir les peurs personnifiées qui l’habitaient.



Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’écriture d’un court métrage qui laisse autant de place à l’imaginaire, à une atmosphère de fantasmagorie, aux images mentales ?

La première version du scénario était déjà très imagée et littéraire, teintée d’impressions visuelles. Lola n’avait jamais écrit de scénario et Marie n’avait jamais réalisé d’animation. Nous avons donc travaillé de manière intuitive en laissant chacune la place à l’univers de l’autre. Notre intérêt pour les symboles, les images fantasmagoriques et le « magique » nous a permis d’avancer dans l’écriture graphique et l’écriture des dialogues sans trop conceptualiser l’histoire. Le film a bien-sûr des inspirations cinématographiques mais puise également dans la mode  (JW Anderson, Molly Goddard, Jacquemus), la sculpture et la peinture ( Valotton, Matisse, Juergen Teller, Henri Darger, James Shaw, Lucille Ulrich, Thomas Dowse) ainsi que dans des imageries médiévales et contemporaines collectées sur Instagram.



Quels sont vos cinéastes préféré.e.s et/ou celles et ceux qui vous inspirent ?

Nous avons des gouts très éclectiques. Parmi ceux qui ont inspiré le film, on peut compter Quentin Tarantino, Coppola père et fille, Pedro Almodovar, Stanley Kubrick,  Bong Joon-ho, Patrice Chéreau… 



Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ? 

J’ai découvert récemment Mother de Bong Joon-ho que je n’avais pas encore vu et comme à chaque fois que je découvre un de ses films, j’ai eu un sentiment très fort. Mais ce n’est pas très récent ! J’ai eu des coups de cœur pour les courts métrages Massacre de Maïté Sonnet et Daniel fait face de Marine Atlan. A chaque nouveau clip ou performance de la chanteuse Bonnie Banane, il me semble que j’assiste à quelque chose d’inédit visuellement !


>>> Voir Filles bleues, peur blanche


Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 1er février 2021. Un grand merci à Luce Grosjean.

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