Sélectionné lors de la récente édition du Festival Black Movie, Ding de l’Allemand Malte Stein est un cauchemar magnétique dans lequel un homme se retrouve comme hanté par une étrange créature. Ce court métrage d’animation est un étrange ovni au sujet duquel nous avons voulu en savoir plus. Malte Stein est notre invité de ce Lundi Découverte.
Quel a été le point de départ de Ding ?
Le scénario du film s’inspire d’une nouvelle que j’ai écrite. J’y décrivais un état de déraillement mental sous forme d’abstraction métaphorique. J’avais la conviction que ce serait un matériau excitant et provocant qui fonctionnerait sous forme de film d’animation, basé sur une constellation de personnages plutôt drôles, remplis de contradictions et avec un renversement apparent des rôles. Il y avait là des sentiments forts, de l’action et de l’humour.
L’aspect métaphorique, c’est que la Chose n’est pas un personnage réel à proprement parler. C’est le reflet de sa condition humaine, l’incarnation de ses peurs intimes, de son impatience et de sa colère. C’est son état psychotique, qui le poursuit dans les rues. Cela symbolise aussi combien notre agressivité impulsive et nos peurs peuvent être ridicules, à quel point s’autoriser à agir sous leur influence peut être terrible.
Dans quelle mesure diriez-vous que vos limites (un film extrêmement concis, des couleurs assez neutres et discrètes, un design épuré) ont pu servir l’étrangeté de votre histoire ?
Comme l’essence du film est un conflit intérieur (cela pourrait aussi être quelque chose comme un cauchemar), la présentation se concentre sur les personnages essentiels. Le design de l’environnement est inspiré par ce qui entoure mon studio dans la banlieue de Berlin. Il est vraiment aussi aride et désert et de temps en temps des gars viennent comme ça au coin de la rue. J’ai choisi ces belles couleurs car elles soulignent le mélange de plaisir et d’horreur.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre utilisation du son et de la musique dans Ding ?
La musique, utilisée avec parcimonie, était destinée à transmettre un sentiment d’agissement paranoïaque. Les sons des mouvements de mes personnages sont également importants, car ils permettent d’accentuer le timing et l’action.
Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?
Alexandre Sokourov, Bela Tarr, Andrei Tarkovski, David Lynch, Lars von Trier, Ingmar Bergman, Priit Pärn, etc.
Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?
En 2011, je suis allé au Festival Animated Dreams de Tallinn et j’ai été époustouflé par la découverte de l’animation estonienne, ainsi que l’animation indépendante japonaise.
Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 4 février 2023. Un grand merci à Pascal Knoerr.
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