Festival de Clermont-Ferrand | Entretien avec Bérangère McNeese

L’Américano-Belge Bérangère McNeese signe avec Matriochkas son troisième court métrage en tant que réalisatrice. Ce film nuancé et superbement interprété met en scène une jeune adolescente confrontée à un choix lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. Matriochkas est présenté cette semaine au Festival de Clermont-Ferrand. Nous avons interrogé sa réalisatrice.


Quel a été le point de départ de Matriochkas ?

J’avais envie de traiter la maternité et le rapport mère-fille de manière moins conventionnelle, de développer leurs aspérités, surtout quand la mère et la fille sont d’un âge assez proche. C’est cette relation de femmes qui m’intéressait, et qui est souvent envisagée comme innée, et l’amour maternel comme imprégné d’une espèce de pureté inhérente au statut de mère. Je connais davantage de relations mère-fille brouillonnes, maladroites, même si pleines d’amour.

Quelles questions vous êtes-vous posées quant au traitement formel de cette histoire avec votre directeur de la photographie Olivier Boonjing ?

J’ai avant tout une formation de comédienne, et le jeu reste mon activité principale. Olivier Boonjing est mon chef opérateur depuis longtemps mais aussi un ami. Il sait que ce qui m’intéresse avant tout, c’est de suivre les comédiens, de découper beaucoup pour « attraper » des moments d’abandon, du non-jeu, les accidents. On est sur la même longueur d’ondes, il s’agit ici d’un film de personnages. En même temps, Matriochkas étant mon troisième court-métrage, j’avais quelques envies de mise en scène un peu plus élaborées, esthétisantes. Il fallait trouver un compromis pour toutefois toujours rester légers et vifs sur les moments de jeu qui nous intéressaient.

L’interprétation est remarquable, pouvez-vous nous en dire davantage sur votre collaboration avec vos deux actrices principales ?

Merci ! Héloïse Volle, qui joue le rôle principal, avait 14 ans au moment des essais, 15 ans pendant le tournage. Il s’agissait de sa première expérience de casting, puis de tournage, mais loin de l’intimider, une confiance s’est installée qui nous a permis d’expérimenter ensemble, de l’amener dans des endroits où elle n’était, forcément, jamais allée. J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer. Victoire du Bois est évidemment plus expérimentée, et il nous fallait chercher un personnage assez loin d’elle dans la vie. Elle est force de proposition et c’était génial et libérateur de travailler avec elle. L’une et l’autre se poussaient vers le haut, en tous cas, j’en ai eu l’impression.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

John Cassavetes, Maurice Pialat, Maiwenn, Andrea Arnold, Abdellatif Kechiche.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de voir quelque chose de neuf, de découvrir un nouveau talent ?

Depuis la sortie du film, Héloïse a obtenu 3 prix d’interprétation. Elle, c’est ma plus belle découverte artistique.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 3 février 2020. Crédit portrait : Guillaume Kayacan.

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