Festival d’Annecy | Entretien avec Atsushi Wada

Le Japonais Atsushi Wada, distingué à la dernière Berlinale, est sélectionné cette semaine au Festival d’Annecy avec son beau court métrage Bird in the Peninsula. Des enfants dansent et un étrange rituel semble se mettre en marche dans ce film singulier, étonnant et séduisant. Atsushi Wada est notre invité.


Quel a été le point de départ de Bird in the Peninsula ?

Tout a commencé il y a dix ans lorsque j’ai vu un documentaire. Dans ce film, il y avait une scène montrant un rituel traditionnel pratiqué autrefois par des enfants dans un village au Japon. J’ai été très impressionné par la vision de ces enfants à qui ce rituel n’avait pas l’air de plaire. C’est cela qui a servi de point de départ à mon histoire.

Le design rond et pastel donne beaucoup de charme à votre film, comment avez-vous abordé le style visuel pour raconter cette histoire ?

A vrai dire, je ne suis pas très bon pour accorder les couleurs. C’est pourquoi j’ai sollicité mon épouse, qui est infographiste, pour concevoir les couleurs et la façon dont elles allaient être utilisées. Habituellement, je me sers de couleurs plutôt ternes et pâles, mais cette fois, comme l’histoire se déroule dans un village au Japon, je craignais que ce type de couleurs donne un côté un peu vieillot… Par conséquent j’ai essayé, sur l’avis de mon épouse, d’utiliser des couleurs plus claires et pastels.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre utilisation d’éléments absurdes et surréalistes dans Bird in the Peninsula ?

Il y a parfois des choses qu’on imagine totalement indépendantes, mais lorsqu’on les place l’une à côté de l’autre, dans une même temporalité, on peut les redécouvrir sous un autre jour. Les analogies, les synchronicités et ce qu’elles nous font ressentir, cela rend le monde plus riche et complexe. J’aime ce monde étrange et mêler de manière surprenante des éléments qui a priori ne vont pas ensemble.

Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Les œuvres de l’écrivain et poète Kenji Miyazawa, de l’humoriste Hitoshi Matsumoto, de Igor Kovalyov, Jan Švankmajer et Luis Buñuel m’inspirent et m’enrichissent.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, de voir quelque chose de neuf ?

Je citerais Now 2 de Kevin Eskew, un court métrage d’animation. La métamorphose d’un chien en une machine, des puzzles qui s’assemblent, des sons étranges. Le sentiment d’un mystère enveloppé dans un chaos douillet. Et un autre court métrage d’animation : Easter Eggs de Nicolas Keppens. Ce film exprime habilement, de manière fantastique, la vie quotidienne de jeunes personnages et l’irruption de l’extraordinaire – tout cela à travers une composition, des couleurs et des mouvements réfléchis.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 8 février 2022. Un grand merci à Luce Grosjean.

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