Festival d’Annecy | Entretien avec Amandine Meyer

L’une des merveilles de la dernière Berlinale est au programme cette semaine au Festival d’Annecy. Le court métrage Histoire pour 2 trompettes est un récit d’initiation poétique et mélancolique, visuellement superbe et doté un charme magique. Nous avons rencontré sa réalisatrice, la Française Amandine Meyer.


Quel a été le point de départ de Histoire pour 2 trompettes ?

Le film fait suite à mon livre Histoire décolorée paru en 2016 aux éditions Misma : un recueil d’histoires courtes muettes, peuplées d’enfants, d’animaux et de végétation. J’ai gardé le même processus d’écriture en écrivant une fable sans parole et sans morale à partir de pensées profondes. Je suis partie de la dernière histoire du livre et je l’ai développée. C’est ici un récit initiatique, qui puise dans mon cheminement de femme et artiste.

Dans quelle mesure l’imaginaire est-il à vos yeux un outil pour parler d’intimité ?

Parler de l’intime et du réel, caché dans un monde imaginaire habité par des personnages métaphoriques, permet une grande liberté. On peut parler de choses banales ou difficiles à livrer, dans un conte elles prennent une autre dimension. L’interprétation laissée au spectateur peut être trouble. Il y a plusieurs niveaux de lecture. Dans l’écriture même de la fable, il y a une mise à distance salvatrice où l’on peut s’affranchir de la réalité et de ses pesanteurs.

Comment avez-vous choisi ce style d’animation pour raconter cette histoire en particulier ?

Je fais de l’aquarelle et j’ai un dessin à la ligne, j’ai opéré des choix entre aspects pratiques et désirs esthétiques. Des fonds à l’aquarelle pour un univers qui me fait vibrer et un dessin à ligne directement à l’ordinateur pour essayer d’être le plus simple et rapide tout en pouvant produire beaucoup d’images pour toucher à la fluidité, la magie de la ligne qui prend vie.

Qui sont vos cinéastes de prédilection et/ou qui vous inspirent ?

Tout le cinéma d’animation… Le cinéma d’animation russe comme les films de Mikhaïl Tsekhanovski, les films expérimentaux comme ceux de Robert Breer… Pour le futur je vais regarder attentivement le travail de Sébastien Laudenbach, car il est très intrigant dans son modèle de création en équipe légère.

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, de voir quelque chose de neuf ?

Je crois que je ne cherche pas la nouveauté. Mais il y a beaucoup de choses, d’œuvres et de gens qui me touchent. Je fonctionne plutôt par résonance et amplification. Il y a des rencontres, des résidences de créations, des matériaux qui me font ouvrir mon travail dans une nouvelle direction et qui participent à mon épanouissement.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 8 février 2022. Un grand merci à Luce Grosjean.

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