Critique : Yomeddine

Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne. Vite rejoint par un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Egypte et affronter ainsi le Monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…

Yomeddine
Égypte, 2018
De A. B. Shawky

Durée : 1h37

Sortie : 21/11/2018

Note : 

UN MONDE SANS PITIÉ

Yomeddine était l’une des surprises de la dernière compétition du Festival de Cannes. Là où les « nouveaux venus » de la compétition 2017 se nommaient Bong Joon-Ho et Noah Baumbach (soit des gens qui auraient déjà pu/dû être en compétition il y a dix ans), le très belle compétition 2018 était largement plus ouverte aux découvertes et branchée dans le présent. Yomeddine, néanmoins, est un vrai-faux bon exemple. Car c’est certes un premier film, qui plus est d’un pays dont la cinématographie ne parvient que rarement jusqu’à nous (l’Égypte). Mais ce n’est à nos yeux qu’une demi réussite et un film un peu trop poli pour prétendre aux honneurs (et à la catapulte magique) de la compétition.

Le ton de Yomeddine est assez séduisant, vivant et sans pathos même s’il raconte le quotidien des plus marginaux, dont son héros lépreux. Personne dans Yomeddine ne semble en mesure de proposer autre chose que de s’en remettre à Dieu. C’est un monde sans pitié qui est ici dépeint, mais il y a pourtant de l’empathie dans le regard de Abu Bakr Shawky. Le film a du cœur, son esprit est bon, mais il reste souvent trop lisse, en surface, sans personnalité forte pour s’extraire du rang – un comble pour un film dédié à ceux qui ne rentrent pas dans les cases.

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par Nicolas Bardot

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