Berlinale | Critique : Tiger’s Pond

Le paysage idyllique de Vaghachipani est sous l’emprise du dieu tigre. Le seigneur de ce domaine, cependant, est Prabhu, un homme d’affaires impitoyable qui tente de gagner une élection locale. Lorsque Basu résiste à ses tactiques d’intimidation, la hiérarchie stricte et l’ordre féodal mis en place par Prabhu menacent de se défaire.

Tiger’s Pond
Inde, 2025
De Natesh Hegde

Durée : 1h27

Sortie : –

Note :

NID DE SERPENTS

L’Indien Natesh Hegde a été révélé en 2021 avec son premier long métrage, Pedro, qui a été dévoilé au Festival de Busan avant de faire sa première française au Festival des 3 Continents. C’est à la Berlinale, dans la section Forum, que son nouveau film Tiger’s Pond fait sa première mondiale. Dès sa première scène où l’on assiste à un cortège coloré dans la nature, quelque part au sud-ouest de l’Inde, Tiger’s Pond brouille les pistes : de quelle époque viennent les images superbes que nous avons devant les yeux ? Au-delà du fait que le film est tourné en 16mm, le moment où se déroule Tiger’s Pond semble volontairement flou.

Coproduit par son compatriote Anurag Kashyap qu’on connaît en France par ses polars et films noirs tels que Gangs of Wasseypur ou Ugly, Hegde infuse un peu de suspens dans son drame social. Tiger’s Pond traite d’élections, mais surtout de corruption. Une corruption électorale, mais aussi une corruption humaine. Voilà un motif que l’on a pu retrouver dans le cinéma d’auteur indien ces dernières années, de Court à Rapture. Natesh Hegde en profite pour examiner les secrets d’une communauté, ainsi que le poids de la communauté sur les individus qui la constituent – soit une problématique déjà présente dans Pedro.

Pathi, jeune femme muette, évoque d’une certaine manière l’antihéros éponyme de Pedro. Ce sont deux personnages qui ne correspondent pas aux attentes de la société, réglée par les castes et réglée par les rituels. Sont-ils religieux ? Traditionnels ? Lorsqu’un homme mort noyé est plongé dans le riz dans le but de le sauver, ces rituels flirtent avec l’absurdité. Qu’est-ce qui peut sortir d’un coup de dés, comme on le voit à plusieurs reprises dans Tiger’s Pond ? Si Pedro était habité d’un mystère magnétique, ce nouveau long métrage nous a semblé parfois trop opaque. Tiger’s Pond se distingue néanmoins par son élégance formelle couplée à une aspérité qui donne du relief à ce récit vénéneux.

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par Nicolas Bardot

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