Critique : Teddy

Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois. Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce. Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…

Teddy
France, 2020
De Ludovic Boukherma & Zoran Boukherma

Durée : 1h28

Sortie : 30/06/2021

Note :

DANS LA GUEULE DU LOUP

Dès les premiers instants de Teddy, lors d’une parodie de cérémonie en hommage à quelques jeunes gens morts pour la France, le ton iconoclaste est donné. Teddy, le héros du long métrage, n’est pas dupe de cette mise en scène officielle et ampoulée. Le quotidien de ce grand ado n’est pas spécialement excitant : il vit au cœur d’une France un peu perdue, le paysage est fait de belles montagnes et des pavillons aussi endormis qu’identiques, et son boulot dans un salon de massage semble lui être tombé dessus totalement par hasard.

Ludovic et Zoran Boukherma signent une comédie qui fonctionne plutôt bien, et dont le ton appartient à une famille qui irait de Strip-tease à Groland. Teddy trouve sa propre place dans cet arbre généalogique, car le mélange de comédie à la fois méchante et loufoque que les cinéastes proposent est assez rare. On peut rire du pathétique dans Teddy – même si l’on n’est pas sûr de comprendre en quoi entendre du « pédé » et du « enculé » dans des scènes de comédie a quoi que ce soit d’indispensable aujourd’hui. Anthony Bajon est pour beaucoup dans le succès du long métrage, offrant un capital sympathie joufflu à ce protagoniste de loser ronchon qui pourrait rapidement être pénible.

Mais Teddy n’est pas seulement une comédie, c’est aussi un film fantastique. Le long métrage repousse le plus longtemps possible l’explosion surnaturelle, comme si celle-ci était un caillou dans la chaussure. Sans trop en dévoiler sur l’intrigue, la rupture finale, à nos yeux, ne marche pas. L’irruption nette de l’horreur premier degré après la comédie potache est trop binaire. Dans ce contexte, la représentation de la violence, par son imagerie, renvoie de manière trop directe à de réels massacres perpétrés par des adolescents (ce plan où les téléphones continuent de sonner, cet autre ou les gens se cachent dans les toilettes), et nous semble de très mauvais goût. Le dénouement pose également la question du point de vue que les cinéastes ont sur leur(s) personnage(s). Difficile de nier en voyant la séquence générique que nous devrions être ému… par le triste destin métaphorique d’un incel ? Cette greffe nous paraît maladroite – Teddy se serait peut-être mieux porté s’il s’agissait d’une simple comédie.

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par Nicolas Bardot

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