L’INSTIT

Teaches of Peaches (le film) est un documentaire retraçant entre autres la tournée anniversaire consacrée aux vingt ans de The Teaches of Peaches (l’album). Les enseignements de Peaches : tout un programme. Mais qu’est-ce qui a changé dans les deux décennies qui séparent ces deux programmes d’enseignement ? Pas mal de choses, et le duo de cinéastes formé par l’Autrichien Philipp Fussenegger et l’Allemande Judy Landkammer ne se contente pas de coller aux basques de la musicienne sur scène ou en coulisses, même si les capitations live gardent ici une place de choix. A coups d’images d’archives publiques (clips, passages télé) ou privées, Teaches of Peaches remonte le temps jusqu’au tout début dès années 2000, quand Merrill Nisker s’apprête à sortir son premier album et devenir Peaches.

Si ses premiers morceaux ont alors pris de court le monde de la musique électronique (par leur minimalisme punk, par leurs paroles crues ou par des performances live enragées), Teaches of Peaches reste quant à lui un documentaire musical à la forme très familière. L’alternance entre captations d’aujourd’hui et analyses du passé n’est interrompue que par un sage défilé de collaborateurs et intervenants cools venus raconter leur anecdote ou formuler leur compliment face à la caméra : Leslie Feist, Chilly Gonzales, Charlie Le Mindu ou surtout l’éloquente Shirley Manson. Le parcours fléché est respecté sans rébellion, quitte à flirter avec une trop grande légèreté dans sa première partie. Thèmes passionnants et particulièrement centraux du travail de Peaches, la question de la sexualité et l’aspect politique de cette dernière n’y sont concrètement abordés (mais bien abordés) que dans un second temps.

La où Teaches of Peaches se fait et nous fait un plus grand plaisir, c’est en dévoilant des archives inédites à ravir les fans : Peaches en coloc de l’enfer avec Feist, Peaches devant les ados médusés du public de Top of the Pops, Peaches endormie sur son adorable oreiller Snoopy, Peaches faisant la chenille avec des bambins… Car oui, avant de devenir une bête de scène provocante aux paroles affolantes, Peaches était instit. Il y’a de quoi être joyeusement sidéré de voir l’écart entre cette sage professeure de flûte et la diva punk de 57 ans qui se dénude aujourd’hui devant ses fans transis, mais comme elle le dit elle-même dans l’entretien qu’elle nous a donné à la Berlinale : ces deux femmes ne sont qu’une seule et même personne. A sa manière, Peaches n’a finalement jamais cessé d’enseigner. La continuité entre ces deux profs-là, voilà ce que s’attache à reconstruire ce documentaire sympathique et dynamique.

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