Un homme et une femme, en couple, font tout ensemble : lire des poèmes, prendre leur petit-déjeuner, voir des amis, se disputer, se réconforter, partager leurs souvenirs d’enfance et du passé…
Talks Overnight
Hong Kong, 2023
De Su Qiqi
Durée : 1h16
Sortie : –
Note :
ATELIER DE CONVERSATION
Si Talks Overnight est le premier long métrage de la Chinoise Su Qiqi en tant que réalisatrice, cette dernière s’est déjà brillamment illustrée comme productrice ces dernières années avec les ambitieux The Cloud in Her Room de Zheng Lu Xinyuan (couronné à Rotterdam et sorti chez nous en 2021) et A New Old Play de Qiu Jiongjiong (primé à Locarno et au Festival des 3 Continents). C’est également au Festival des 3 Continents que Talks Overnight fait sa première européenne, dans le cadre de la compétition.
Le film s’ouvre par des plans dans un appartement silencieux et qui semble vide. Celui-ci sera bientôt animé par de nombreuses discussions. Cela peut être un échange sur la poésie par un couple assis dans un salon, ou bien des considérations sophistiquées sur le milieu de l’édition, la critique ou le théâtre avec des ami.e.s autour d’une table. Statique en apparence, la caméra peut pourtant s’approcher des protagonistes presque imperceptiblement. Dans des lieux publics, celle-ci vient parfois cueillir d’autres conversations. C’est un film de mots, mais c’est aussi un film sur le non-dit, sur ce qui n’est que suggéré (sur la jeunesse, les classes sociales, le contexte post-covid) dans un milieu intellectuel qui n’est pas si souvent au centre des fictions chinoises.
Des piles de livres forment un rempart protecteur autour du lit, mais l’héroïne peine pourtant à trouver le sommeil. Qu’est-ce qui, au fil des repas ou des promenades, se révèle incommunicable ? Comment déchiffrer ces silhouettes d’une pièce de théâtre vue de la rue ? Le noir et blanc sur la nature se décline en de nombreuses et riches nuances, les vies minuscules sont examinées à l’ombre d’arbres vieux de 600 ans. Bien qu’épuré, Talks Overnight raconte un chemin aussi sinueux que celui emprunté par le couple à la fin du long métrage, un parcours à la fois clair et indicible.
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par Nicolas Bardot