Festival de Busan | Critique : Solids by the Seashore

Fon, artiste plasticienne, se rend dans un petit village au sud de la Thaïlande, au bord de la mer, pour inaugurer une exposition. Shati, chargée de la guider dans la région, est attirée par Fon. Les deux jeunes femmes sont de plus en plus proches mais l’éducation très traditionnelle de Shati rend leur relation compliquée.

Solids by the Seashore
Thaïlande, 2023
De Patiparn Boontarig

Durée : 1h33

Sortie : –

Note :

NOS ETOILES CONTRAIRES

Solids by the Seashore s’ouvre par une ample vision d’océan qui occupe tout l’écran. C’est une vue spectaculaire qui reviendra à plusieurs reprises dans le long métrage – il y aura d’autres plongées vertigineuses au cœur de ce récit pourtant minimaliste. Dans ce premier film présenté en compétition au Festival de Busan, Patiparn Boontarig (lire notre entretien) manie avec habileté des contraires forts entre les petites vies secrètes à l’ombre du monde et le grand tumulte des éléments, qu’il s’agisse de l’intensité du son de la mer ou de comètes qui transpercent le ciel.

Shati se prépare silencieusement avant d’accueillir Fon, une artiste venue dans sa région et dont elle sera la guide. Le décor est idyllique, les couleurs séduisantes, les vagues bercent et pourtant les plages ont été abimées par les décisions successives. Ce paradis manqué guette Shati, jeune femme venant d’une famille traditionnelle qui a déjà décidé quel serait son époux. Le premier regard ne laisse guère de doute : Shati est plus intéressée par Fon que par n’importe quel garçon du voisinage. Mais de quelle réalité l’héroïne devrait-elle se contenter ? Boontarig dépeint des possibilités infinies, à l’image de ces lumières lointaines au-delà de la mer. C’est un monde à perte de vue et pourtant le futur qui s’offre à Shati paraît étriqué et sans élan.

La mise en scène sensorielle de Patiparn Boontarig est une des réussites du long métrage. Le cinéaste se sert avec talent de ruptures atmosphériques. De vieilles photos souvenirs, des images d’œuvres accompagnées de leur cartel viennent prendre le relais sensible des images du film. « Que regardes-tu, jeune fille ? », dit la grand-mère de l’héroïne revenue parmi les vivants le temps d’une pensée. Le ruptures de Boontarig peuvent être particulièrement surprenantes, comme lorsque l’on se plonge dans le sable et qu’un monde insoupçonné se dévoile dans l’infiniment petit – c’est certainement là l’une des plus belles idées de l’année.

Collaborateur entre autres de son compatriote Phuttiphong Aroonpheng (Manta Ray), Patiparn Boontarig fait preuve d’une poésie qui invite un sens de la rêverie dans le quotidien. Solids by the Seashore n’est pas un conte, il confronte ses protagonistes à la réalité et aux règles d’une société patriarcale. Mais le film en offre aussi le généreux miroir, le reflet d’un autre possible sous les étoiles et parmi les vagues caressantes.

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par Nicolas Bardot

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