Critique : Le Léopard des neiges

Dans une province déserte du Tibet, un léopard des neiges s’introduit de nuit dans un enclos et tue neufs moutons. Ivre de sang, il s’y endort et se retrouve prisonnier au matin. Une équipe de télévision arrive sur les lieux alors que le berger, fou de colère, promet de tuer l’animal si l’État refuse de lui accorder une compensation …

Le Léopard des neiges
Chine, 2023
De Pema Tseden

Durée : 1h49

Sortie : 11/09/2024

Note :

NEIGES ÉTERNELLES

Cinéaste mais aussi écrivain, le Tibétain Pema Tseden s’est distingué ces dernières années avec des longs métrages tels que Tharlo, Jinpa ou Balloon, tous sortis dans les salles françaises. Quelques semaines après la fin de ce qui allait devenir son ultime tournage, Tseden est décédé soudainement au printemps dernier. Ce long métrage, Le Léopard des neiges, sélectionné à la Mostra de Venise et à Toronto, poursuit le dessin singulier de l’identité tibétaine que l’on retrouve dans son œuvre, et mélange les tonalités comme ses précédents films qui tentent d’échapper à la carte postale.

La lumière aveuglante dans le pare-brise d’une voiture au début du Léopard des neiges semble effacer le décor autour des protagonistes. Nous sommes à 4000 mètres de hauteur et l’on a besoin d’oxygène pour tenir debout. La nature prend immédiatement une large place à l’écran, avec des étendues à perte de vue tandis que les humains essaient de s’y confronter. Au-delà de la nature immense qui peut les mettre à bout de souffle, les hommes dans Le Léopard des neiges se retrouvent face à une créature mythique : un léopard des neiges qui est venu croquer le bétail, au grand dam d’un des protagonistes (Jinpa, que l’on recroise après le film éponyme).

La bête a l’air sortie d’une légende, elle parade dans une nature majestueuse tandis que les étoiles dans le ciel sont innombrables. Le lieu parait hors du monde, mais il est pourtant tout le temps question de connexion profonde avec la nature – que les hommes le veuillent ou non. Pema Tseden dépeint certes la brutalité humaine mais celle-ci semble bien futile à l’échelle du monde immense qui les entoure. Le récit, lui, a tendance à tourner un peu trop en rond et manque d’une dynamique moins répétitive. Le Léopard des neiges est néanmoins relevé par son soin formel, grâce à la collaboration de Pema Tseden avec le directeur de la photographie Matthias Delvaux, qui a travaillé auparavant avec Johnny Ma (Vivre et chanter) et Xinyuan Zheng Lu (The Cloud in Her Room).

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par Nicolas Bardot

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