Berlinale | Critique : Shirley

Espérant démarrer une nouvelle vie en emménageant chez l’écrivaine spécialisée dans l’horreur Shirley Jackson et son mari, un jeune couple se retrouve au centre d’un drame qui inspirera le prochain ouvrage de l’auteur.

Shirley
États-Unis, 2020
De Josephine Decker

Durée : 1h47

Sortie : –

Note :

QUI A PEUR DE SHIRLEY JACKSON ?

Ceux qui on eu la chance de voir les précédents longs métrages de l’américaine Josephine Decker savent qu’ils ne faut pas attendre d’elle de sages histoires prêtes à être bien rangées dans des cases familières à la Sundance. Ses récits débordent vite et fort, et tant mieux. C’est alors une demi-surprise de la voir s’attacher ici à une histoire vraie, ou plutôt une personne vraie : Shirley Jackson, à qui l’on doit entre autres de grands romans fantastiques tels que La Maison hantée.

Shirley n’est heureusement pas un biopic. En fait, Shirley Jackson n’est même pas réellement la protagoniste du film, ce titre revenant plutôt à la jeune femme un peu fade qui va faire sa rencontre (et comme dans My Salinger Year qui ouvrait la Berlinale, on se demande si le film ne s’est pas focalisé sur la mauvaise héroïne). Satanée bougonne qui mord et refuse de sortir de sa chambre, Jackson est ici une quasi-caricature littéraire. « Je suis une sorcière » prévient-elle d’emblée. On préférerait que ce soit vrai. Et on aimerait aussi que l’homosexualité soit montrée de façon moins pincée qu’avec des jupettes qui se frôlent. Heureusement, on peut compter sur la locomotive Elisabeth Moss pour faire oublier ses lunettes de déguisement.

La maison de Shirley ressemble, si ce n’est à une maison hantée, au moins une maison de fous. Les murs craquent et l’alcool coule à flots. L’hospitalité que celle-ci et son mari offrent à leurs jeunes collègues ressemble à un mauvais rêve et donne au film un relief grinçant à la Qui a peur de Virginia Woolf ? Et justement, cette fois encore, la caméra de Decker semble prise d’une vie propre pour mieux coller à cette logique fiévreuse, tel un oiseau ivre, allant jusqu’à user cà et là d’un flou nerveux. La maison et la raison semblent prêtes à s’effondrer pour notre plaisir ; ce n’est peut-être pas le gigantesque patatras attendu qui arrive, mais Shirley déborde, et tant mieux. Parfois claustrophobe, parfois enivrant, le film est comme ces swings entêtants sur lesquels on ne sait jamais vraiment très bien danser.

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par Gregory Coutaut

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