Festival Chéries-Chéris | Critique : Répétition générale

Lorsque Joan, fondatrice d’une école de théâtre, tombe dans le coma, c’est à son fils que revient la tâche de sauver le navire. Alors qu’il n’y connaît rien en art et semble avoir d’autres projets pour l’établissement, les professeurs gardent le cap en stimulant l’imagination des élèves. 

Répétition générale
Etats-Unis, 2023
De Molly Gordon et Nick Lieberman

Durée : 1h33

Sortie : –

Note :

TOUSTES EN SCÈNE

Le titre original de Répétition générale est Theater Camp. C’est une description littérale : le film se déroule dans un camp de vacances, dédié aux arts de la scène – et plus spécifiquement à la comédie musicale. Mais ce théâtre-là est particulièrement camp, fait de références queer où le sens du kitsch, de l’exagération, de l’artifice et du grotesque est une qualité souveraine. C’est ce qu’ont compris et intégré tous les gosses ravis de participer à cette répétition générale : le film ne raconte pas l’histoire de gamins découvrant un monde fantastique et une nouvelle perspective dans leur vie ; leur passion est déjà là, bien ancrée, et c’est à nous de prendre leur wagon en marche.

A nous, ou plus particulièrement à Troy, le fils de la directrice du camp, tombée dans le coma pour une raison parfaitement et donc délicieusement ridicule. Répétition générale joue sur une inversion des rôles qui est un archétype de comédie : dans ce monde-là, un garçon hétéro (et a fortiori un bro qui fait toutes ces choses très étranges que peuvent faire des hétéros pour avoir l’air cool) est vu comme une curiosité parmi une armée de gosses queer ou queer-friendly. Ici, les bébés gay sont fans de Liza (pas besoin de mentionner son nom de famille) ou affichent respectueusement (et comme il se doit) le livret Playbill de Glenn Close dans l’adaptation scénique de Boulevard du crépuscule.

Le film dépeint un safe space qui déjoue les conventions de genre, mais il n’oublie jamais d’être avant tout une comédie. Répétition générale n’a pas le glucose de Glee et ne fait pas dans le fan service : le film sait rire de et avec les theater kids et leurs enseignant.e.s passionné.e.s : sur scène et en coulisses, tout est dramatique donc tout est drôle. Le montage sec et l’esthétique empruntant au mockumentary sont aussi efficaces en termes d’humour que pour le rythme du long métrage. Et le film ne prend, heureusement, jamais la direction de l’aseptisation : il ne s’excuse jamais avec en tête cette mauvaise idée qu’il faudrait rentrer dans le rang. Theater Camp propose surtout d’en sortir.

Cette comédie primée à Sundance peut compter sur la qualité de son cast, enfants et adultes, qui parviennent toutes et tous à trouver une savante et parfaite chimie là où le risque de surcharge était grand. Cette critique ne dévoile aucun – pas un – des mille et un gags qui constituent Répétition générale car ils sont, tous autant qu’ils sont, à découvrir en regardant le film.

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par Nicolas Bardot

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