Critique : Rabiye Kurnaz contre George W. Bush

Murat Kurnaz est arrêté en 2001 et détenu sans preuve dans le camp de Guantánamo pour terrorisme. Sa mère Rabiye Kurnaz va tout faire pour sa libération à travers une longue procédure judiciaire, y compris en attaquant à Washington le président des États-Unis, George W. Bush.

Rabiye Kurnaz contre George W. Bush
Allemagne, 2022
De Andreas Dresen

Durée : 1h59

Sortie : 21/12/2022

Note :

ON A RI, ON A PLEURÉ

Cela fait quelques années que les films du cinéastes allemand Andreas Dresen semblent avoir quitté le circuit des grands festivals. Ses deux sélections à Cannes remontent à 2008 et 2011 avec ce qui reste ses deux meilleurs films : Septième ciel et Arrêt en pleine voie / Pour lui. Sa dernière venue à la Berlinale remonte quant à elle à 2015, avec Le Temps des rêves et depuis, ses longs métrages sont comme passés inaperçus. Alors qu’on aurait pu le croire rangé dans le même tiroir que d’autres cinéastes symboles de l’ancienne Berlinale, celle des années curatées par Dieter Kosslick, le revoici sélectionné en compétition par Carlo Chatrian avec Rabiye Kurnaz contre George. W. Bush, une comédie dramatique qui a elle-même quelque chose d’un peu anachronique.

Alors que Trump n’en finit pas de se montrer dans le cinéma d’auteur, de Wiseman à Sean Baker en passant par le récent Excess Will Save Us primé à Rotterdam, c’est vers la présidence de Bush fils que rembobine aujourd’hui Dresen (pourquoi aujourd’hui en 2022 ?). L’action se passe pourtant loin de la Maison Blanche. Dans la cuisine de sa maison de Brême, Rabiye appelle joyeusement son grand fiston pour diner. Ce qu’elle ignore, c’est que ce dernier ne risque pas de descendre de sa chambre, puisqu’il vient d’être déporté dans la prison de Guantanamo. Rabiye a beau avoir les épaules solides, l’assommante révélation est de taille. Elle arrive telle quelle, comme une fulgurance. Rabiye Kurnaz contre George. W. Bush a pour mérite de ne pas perdre de temps dans sa mise en place.

Rabiye va alors déplacer des montagnes et aller jusqu’à Washington pour prouver l’innocence de son fils. On croit connaitre ce programme d’avance, mais Rabiye est une gentille gaffeuse envahissante qui est aussi maladroite qu’un chien dans un jeu de quilles, même dans une simple salle d’attente d’un bureau d’avocat. Lancez les rires enregistrés et sortez les mouchoirs en même temps, finalement on connait aussi d’avance ce programme là. Le résultat possède à la fois les qualités et les défauts d’un feel-good movie. Le résultat est rythmé, chaleureux, facile d’accès mais aussi hélas trop prévisible et convenu pour que son discours conserve un réel mordant politique. Reste l’abattage charismatique de la présentatrice télé turco-allemande Meltem Kapnan dans le rôle principal. 

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article