Critique : Plan 75

Au Japon, dans un futur proche, le vieillissement de la population s’accélère. Le gouvernement estime qu’à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société et met en place le programme « Plan 75 », qui propose un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à leurs jours. Une candidate au plan 75, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.

Plan 75
Japon, 2022
De Chie Hayakawa

Durée : 1h52

Sortie : 07/09/2022

Note :

PLAN PLAN

Plan 75 est le premier long métrage de la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa qui, avant de se retrouver aujourd’hui sélectionnée à Un Certain Regard, était déjà passée par la Cinéfondation de Cannes en 2014. Dans un futur proche, le Plan 75 est une loi autorisant les personnes de plus de 75 ans à bénéficier d’un suicide médical accompagné. Sous la façade progressiste d’un accès à une meilleure fin de vie, les personnes âgées sont en réalité priées avec beaucoup de courbettes de laisser définitivement la place aux jeunes. Factuel, le titre du film ne s’embarrasse pas de commentaire. Ce côté direct, on le retrouve aussi dans le parti que prend la réalisatrice de traiter ce récit d’anticipation de façon très réaliste, sans rien à l’écran qui puisse laisser penser qu’on se trouve dans le futur. De quoi rendre la métaphore encore plus mordante, du moins en théorie.

Cette parabole sur la violence cachée derrière le vernis social, sur la cruauté larvée dans les politesses et l’humilité de salon, sur l’horreur des discours bien rodés des salarymen œuvrant pour un capitalisme qui extermine les non-productifs… La métaphore de cette loi anti-vieux est d’une telle évidence (et surtout d’une telle résonance en provenance du Japon) qu’elle n’aurait guère besoin d’être à peine soulignée pour faire mouche à coup sûr. Pourtant, Plan 75 parvient à être complètement plat.

Le petit piano qui vient illustrer en contrepoint la première scène, sortie d’un film d’horreur (genre que le film ne touche plus du tout par la suite, même du bout des doigts) est un premier indice sur le manque général de subtilité. A l’inverse de l’honnêteté brutale de son titre, Plan 75 a le trait gras au moment de suivre les longues tergiversations de ses personnages. Le résultat ressemble moins à de la science-fiction qu’à un drame cafardeux au sentimentalisme artificiel. Sans demander à ce que le film ressemble forcément à du Masahiro Kobayashi (même si on reste songeur sur ce que l’auteur de Bashing aurait fait d’un tel sujet en or), les moments où la réalisatrice semble vouloir traduire pour de bon la violence de son sujet restent trop rares. Dommage, car ce sont les meilleures scènes du film.

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par Gregory Coutaut

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