Critique : Petit Samedi

Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l’appelait le « Petit Samedi ». Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu’elle n’a jamais abandonné lorsqu’il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère. Un homme qui tente de se libérer de ses addictions et qui fait face à son histoire pour s’en sortir.

Petit Samedi
Belgique, 2020
De Paloma Sermon-Daï

Durée : 1h15

Sortie : 07/06/2023

Note :

LE PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE

Avant Il pleut dans la maison, sélectionné au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique, la Belge Paloma Sermon-Daï a signé Petit Samedi. Ce documentaire très remarqué en festivals (du Forum de la Berlinale à Premiers Plans d’Angers où il a été primé) sort enfin dans les salles françaises. Petit Samedi est un portrait familial intimiste : c’est l’histoire d’un fils toxicomane qui tente de décrocher, c’est l’histoire d’une mère qui tente de l’aider – et c’est le lien puissant qui les unit, tout cela observé par Sermon-Daï, soeur et fille de.

Petit Samedi s’ouvre par de tonitruantes images de clubbing datant d’il y a des années. A ces archives succèdent les discussions en plans fixes entre le fils, aux allures de grand ado de 43 ans, et de sa mère, à la fois douce et autoritaire. Paloma Sermon-Daï saisit les tensions quotidiennes qu’une telle cohabitation peut créer, mais évite avec finesse les antagonismes épais. La cinéaste laisse de la place à l’humour et à une spontanéité qui rendent vivantes ces scènes, des miniatures qui juxtaposées composent une image plus grande. Derrière les anecdotes et les discussions sur la nappe de la table de cuisine, on remonte le temps, on remonte une histoire familiale chaotique et ce que cela peut éclairer des dynamiques entre ses membres.

Par son élégant sens du cadre, la cinéaste met en valeur ses personnages dans un film qui questionne et explore ce que la fiction peut amener au réel. Il faut certes sourire sur les films familiaux, mais ici les regrets et choix de vie sont longuement contemplés. C’est un parcours laborieux que la cinéaste dépeint. Le ton dédramatisé employé lors d’une discussion téléphonique pour parler de toxicomanie témoigne de la bienveillance de Paloma Sermon-Daï : il n’est bien évidement (et fort heureusement) pas question d’en faire du sensationnalisme. C’est au contraire un regard humain, empathique et intelligent que la réalisatrice partage dans cet attachant long métrage.

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par Nicolas Bardot

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