Festival de la Roche-sur-Yon | Critique : Paisaje

Quatre adolescentes se préparent pour une soirée à Buenos Aires, la nuit promet d’être longue…

Paisaje
Argentine, 2018
De Jimena Blanco

Durée : 1h07

Sortie : –

Note : 

EN AVANT JEUNESSE

Quelques endroits un peu vides, une piscine paisible, le temps qui s’écoule… même le chien semble s’ennuyer gentiment lors des premiers instants de Paisaje. Premier long métrage de la productrice argentine Jimena Blanco, Paisaje décrit avec minutie cette chambre d’attente de la vie qu’est l’adolescence. Ses héroïnes sont encore un peu enfants, leurs serviettes de bain sont illustrées par d’adorables Charlotte aux fraises. Mais elles se préparent à sortir du confortable cocon, à l’image de ce soir comme les autres et pas comme les autres où les filles ont prévu d’aller en ville à un concert.

Cette première partie du film, dénuée de dialogue, plongée dans les cheveux des héroïnes, est la plus remarquable. La réalisatrice saisit par sa mise en scène un sentiment, une atmosphère, à partir d’un récit ultra-codé jusqu’à l’archétype. La musique est languissante, elle est aussi sucrée et Blanco sait avec talent capturer cet entre-deux. Lors d’une scène de fête de Paisaje, les couleurs changent et ruissellent sur les visages des jeunes héroïnes – comme leurs émotions à vif.

De pogos en concert à une fête dans un appartement inconnu, Paisaje filme avec familiarité les petites transgressions d’une coming-of-age story. L’amour, la désillusion, l’amitié, la peur, l’excitation… Comme si cette nuit-là contenait tout un monde. Le temps de la nuit finit par s’allonger, et le film est un peu pris à son piège lors d’une dernière partie moins forte. Mais il y a une certaine grâce dans Paisaje, de la fin d’après-midi ensoleillée au petit matin où chantent les premiers oiseaux. Il faut un moment dans le film avant qu’on ne découvre clairement les visages des protagonistes. Comme s’il fallait d’abord faire le point avant que l’image ne soit nette. Voilà une belle idée dans cet instantané sensible de l’adolescence.

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par Nicolas Bardot

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