Critique : My Favorite War

Dans les années 70, la Lettonie est une République Socialiste Soviétique. Ilze, la réalisatrice, nous raconte son enfance en pleine guerre froide, sous un puissant régime autoritaire. D’abord fervente communiste, elle aiguise tant bien que mal son esprit critique face à l’endoctrinement national. Mais c’est l’adolescence qui lui permet enfin de conquérir une véritable liberté de pensée !

My Favorite War
Lettonie, 2020
De Ilze Burkovska Jacobsen

Durée : 1h22

Sortie : 20/04/2022

Note :

NOIR COMME LE SOUVENIR

La Lettone Ilze Burkovska Jacobsen (lire notre entretien) a remporté avec My Favorite War la compétition Contrechamp au Festival du Film d’Animation d’Annecy, un an après son compatriote Gints Zilbalodis pour son film Ailleurs. My Favorite War est un autre pari audacieux d’animation, puisqu’il s’agit d’un documentaire animé. Ce choix s’explique par la volonté de la réalisatrice d’être au plus proche de ses souvenirs malgré l’absence d’images d’archives – un parti-pris qui offre aussi au long métrage ce qui semble être la distance parfaite.

Car le relai de l’animation au réel s’effectue naturellement dans le récit de My Favorite War. C’est un film de passage d’abord parce que c’est un récit d’apprentissage. C’est un film sur les utopies et la perte d’illusion vues à travers les yeux d’une jeune fille. C’est un basculement du récit intimiste au tumulte historique. C’est un film sur la propagande d’un régime autoritaire et ce qu’elle cache, c’est aussi une animation qui installe une curieuse tension entre un design apparemment mignon mais qui suscite aussi un certain malaise quand on y regarde de plus près.

Cette richesse est remarquable et le film exploite aussi tout ce que l’animation permet : la représentation impossible d’un passé macabre et traumatisant, comme le pouvoir de remonter dans le temps. Ici, pour se souvenir, et se dire « heureux sont ceux qui n’ont pas eu à faire de choix ». Surtout aussi jeunes que l’héroïne-réalisatrice prise dans un tumulte trop grand pour elle, mais qui ne l’empêche pas, avec grâce, de rêver au futur.

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par Nicolas Bardot

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