Entretien avec Gints Zilbalodis

Ailleurs du Letton Gints Zilbalodis est l’une des belles surprises de la rentrée. Ce long métrage d’animation qui a brillé dans de nombreux festivals raconte le périple d’un jeune garçon, sur une île, se retrouvant à fuir la grande forme menaçante qui est à ses trousses. Ce film muet est aussi un tour de force car il a été entièrement conçu par Zilbalodis qui a occupé tous les postes. Ailleurs sort ce 23 septembre en France et Gints Zilbalodis nous en donne un premier aperçu dans notre entretien.


Quel a été le point de départ pour Ailleurs ?

Après avoir fait quelques courts métrages, j’ai décidé qu’il était temps de réaliser un long. Je savais que ce serait beaucoup de travail alors j’ai essayé de construire l’histoire autour de choses qui ne seraient pas trop difficiles à animer. Tout d’abord j’ai défini un contour narratif et j’ai commencé à animer sans avoir un script achevé. Je pense que c’est le genre de chose qui serait très difficile à faire avec un budget plus important et toute une équipe. Pour faciliter la recherche de financement du film, j’ai décidé de le diviser en 4 chapitres et de les financer comme courts métrages. Je pensais que si je demandais un financement pour faire un long métrage tout seul, personne ne me ferait confiance, mais peut-être qu’il allait plus facile de convaincre les gens que je pouvais faire 4 courts métrages. Ces 4 chapitres ont toujours été destinés à faire un long métrage, mais j’ai trouvé que diviser l’histoire était plus facile pour moi, pour gérer tout le travail et ne pas être submergé.

Quel a été le principal défi dans le fait de réaliser ce film entièrement seul ?

Le principal défi était probablement la quantité de travail que j’avais à fournir. Et il y a des choses que je n’avais jamais faites auparavant. Comme composer la musique, ce que j’ai appris en faisant ce film. J’avais donc des doutes quant à savoir si je pouvais finir ce film et si ça allait être réussi. Je suppose que s’il y a d’autres personnes pour vous aider sur un projet, c’est peut-être moins stressant à certains égards.

Comment avez-vous choisi ce style d’animation pour raconter cette histoire en particulier ?

Mon style a évolué au fil des années. J’ai commencé par faire des films dessinés à la main, mais j’ai senti que mes compétences de dessin n’étaient pas assez bonnes alors je suis passé à la 3D. Cela m’a également permis d’expérimenter davantage avec le mouvement de la caméra qui est beaucoup plus restreint dans l’animation dessinée à la main. Une des raisons pour lesquelles l’histoire de Ailleurs se déroule sur une île, c’est parce qu’ainsi je n’ai pas à animer de nombreux personnages. Il y a beaucoup de limites comme celle-là, fixées par le petit budget et qui, je pense, ont contribué à rendre l’histoire plus intéressante. Parce que s’il est possible de faire tout ce qu’on veut dans l’animation, il peut être utile d’avoir quelques limites.

Quels sont vos cinéastes favoris et/ou ceux qui vous inspirent ?

Quelques uns de mes réalisateurs favoris sont Alfonso Cuaron, Hayao Miyazaki, Paul Thomas Anderson…

Quelle est la dernière fois où vous avez eu le sentiment de découvrir un nouveau talent, quelque chose d’inédit à l’écran ?

J’ai été très chanceux de pouvoir me rendre dans beaucoup de festivals d’animation avec Ailleurs, et j’ai pu découvrir beaucoup d’animation indépendante de qualité. Parmi mes préférés de l’an passé, je citerais Acid Rain de Tomek Popakul et Daughter de Daria Kashcheeva.

Entretien réalisé par Nicolas Bardot le 20 juillet 2020. Un grand merci à Mathilde Cellier.

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