Festival de Busan | Critique : Memento Mori – Earth

Une jeune mère condamnée par le cancer est sur le point de mourir.

Memento Mori – Earth
Vietnam, 2022
De Marcus Vu Manh Cuong

Durée : 1h25

Sortie : –

Note :

LA DISPARITION

Premier long métrage du Vietnamien Marcus Vu Manh Cuong (lire notre entretien), Memento Mori : Earth est également pensé comme le premier volume d’une trilogie sur le cancer (dont chaque film se déroule à une saison et dans une région différente). Ce volet raconte, quelque part dans les Montagnes centrales, la mort précoce d’une jeune mère condamnée par la maladie, et la façon dont chacun se retrouve à devoir accepter l’inacceptable. Memento Mori : Earth s’ouvre par un orage lointain et une pluie délicate, tandis que la mère épuisée enregistre quelques pensées pour ses filles. Le délicat travail sonore est remarquable dans ce film où la disparition semble se faire en silence.

Lorsque la mère adresse ses derniers mots, la caméra part ailleurs. Marcus Vu Manh Cuong se montre particulièrement habile en termes de ruptures et de digressions poétiques. La douleur peut être filmée sans fard, mais l’émotion naît aussi de son œil et de son sens du détail : ce sont les boutons d’un chemisier, le rouge vif des fleurs – le traitement des couleurs est l’une des nettes réussites du long métrage. Dans la nature, sous un rayon de lumière, le cinéaste inscrit son héroïne parmi les éléments, dans un film dont la dimension est à la fois très tangible et spirituelle.

La lenteur intransigeante de Memento Mori : Earth n’est pas un défaut, mais lorsque le récit doit avancer de manière plus conventionnelle, celui-ci nous a semblé plus figé. Plus à l’aise dans ses échappées, le cinéaste sait d’ailleurs contrebalancer les cœurs lourds avec des respirations saisissantes. C’est ce mouvement qui porte le film : lorsque les personnages se résignent à remplir un formulaire froidement concret sur un don de cornée, tandis qu’autre chose, un sens secret, semble se jouer et vibre hors du corps.

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par Nicolas Bardot

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