Festival de Locarno | Critique : Mare

Mare n’a jamais pris l’avion, bien qu’elle vive juste à côté de l’aéroport avec son mari et leurs trois enfants adolescents. Elle aime sa famille, prend soin d’elle, mais se sent parfois comme une étrangère dans sa propre maison. Elle aspire à plus d’indépendance. Son mari est l’amour de sa jeunesse, mais quand un jour un homme plus jeune emménage dans la maison d’à côté, Mare franchit une étape…

Mare
Suisse, 2020
De Andrea Štaka

Durée : 1h24

Sortie : –

Note :

L’ÉCUME DES JOURS

Lors d’une scène au début de Mare, l’héroïne éponyme – femme, mère et épouse – est posée là. Son mari passe, ses enfants aussi, ils ne lui prêtent guère attention et la notion d’intimité semble complètement floue. Mare tient pourtant sa famille à bout de bras, console son époux, sermonne son grand fils. La Suissesse Andrea Štaka filme le quotidien et les tâches qui vont avec ; elle parvient grâce à son écriture et son sens du tempo à ne pas rendre routinier un film sur la routine.

Lauréate du Léopard d’or à Locarno il y a quinze ans avec Das Fräulein, Štaka filme ici avec un super 16 chaleureux. La lumière estivale charme et enveloppe dans Mare, mais quand le soir tombe, quand arrive le crépuscule, la caméra s’attarde sur l’héroïne et sur ce qui peut bien lui traverser la tête. Le film se questionne sur l’épanouissement de Mare, sur le besoin d’échapper au quotidien même s’il ne s’agit que d’une virée.

Mare se déroule à Konavle, une petite ville croate dont Štaka est originaire. Pas loin de Dubrovnik, entre la mer et les montagnes, le lieu est baigné par le bruit régulier des avions qui vont et viennent tandis qu’en bas la vie de Mare continue. La cinéaste trouve le bon équilibre pour traiter de cette intimité à l’ombre du monde, de ces bouleversements intimes qui ont parfois la taille d’une montagne – et  lorsque, précisément, le nom de Mare recouvre les montagnes, on se dit qu’effectivement, cette vie simple n’a rien d’anecdotique.


>> Mare est visible en avant première et en ligne dans le cadre du Festival Films de Femmes de Créteil

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par Nicolas Bardot

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