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Un film qui se penche sur le passé pour mettre en garde contre l’avenir, du point de vue d’un petit garçon.
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little boy
Etats-Unis, 2025
De James Benning
Durée : 1h14
Sortie : –
Note :
EN CONSTRUCTION
Invité récurrent du Forum, la section la plus pointue de la Berlinale, le cinéaste américain James Benning présente cette année little boy. Nouveau chapitre radical d’une filmographie documentaire qui ne l’est pas moins, little boy se présente avec la plus grande économie : à l’écran deux mains construisent une petite maquette de bâtiment, en plan fixe et rapproché, tandis qu’en off une radio alterne chansons et discours politiques. Et c’est tout. Enfin presque car Benning fait du cinéma avec une drôle de loupe qui pousse la simplicité vers des extrémités à la fois mystérieuses et éloquentes. Sous ses apparences aride, little boy brasse large.
Le film est découpé en une dizaine de chapitres et à chaque segment correspond sa maquette, sa date, sa chanson et son discours. little boy débute à la moitié du vingtième siècle et galope d’une décennie ou presque à chaque étape. Les personnalités qui monologuent évoluent, de Eisenhower a Hilary Clinton, les chansons d’époque aussi, passant de protest songs folk à Cat Power. Le procédé est répétitif mais quelque chose évolue entre les lignes. Même si on ne voit jamais leur assemblage final, on remarque que les différents bâtiments ici montés appartiennent à un ensemble stylistique harmonieux, comme s’ils appartenaient à une même série. Seuls les mains changent : d’abord enfantines, elle sont de plus en plus ridées (les dernières à apparaître à l’image sont d’ailleurs celles du cinéaste lui-même).
Il existe bien des manières de faire le portrait documentaire d’un pays. James Benning fait en quelque sorte ici un travail inverse et complémentaire à son film The United States of America. Là où ce dernier offrait un voyage géographique uniquement composé de tableaux muets, little boy compose un portrait de l’Histoire moderne des mouvements sociaux et politiques ayant traversé les Etats-Unis, à travers une forme qui privilégie le son : la rigidité des discours politique d’un côté, et la poésie des artistes de l’autre. On peut, face à cette formule, avoir parfois l’impression frustrante de manquer de bagage culturel pour en apprécier toutes les nuances et reconnaître tous les événements évoqués mais derrière son énigme (à commencer par l’absence de majuscule de son titre), little boy sait aussi se montrer invitant et généreux dans sa manière d’offrir une nouvelle manière stupéfiante de faire du cinéma historique.
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par Gregory Coutaut