Critique : L’immensitá

Rome dans les années 1970. Dans la vague des changements sociaux et culturels, Clara et Felice Borghetti ne s’aiment plus mais sont incapables de se quitter. Désemparée, Clara trouve refuge dans la relation complice qu’elle entretient avec ses trois enfants, en particulier avec l’aînée née dans un corps qui ne lui correspond pas. Faisant fi des jugements, Clara va insuffler de la fantaisie et leur transmettre le goût de la liberté, au détriment de l’équilibre familial…

L’Immensitá
Italie, 2022
De Emanuele Crialese

Durée : 1h34

Sortie : 11/01/2023

Note :

RADIO NOSTALGIE

Le réalisateur trans italien Emanuele Crialese (Respiro, Golden Door…) présente L’Immensitá comme un film autobiographique, basé sur ses propres souvenirs d’enfance à Rome dans les années 70. Adri, la jeune  protagoniste du film, est en effet une adolescente qui ne se reconnaît pas dans la féminité qu’on essaie de lui imposer. On ne peut pourtant pas dire que son entourage soit chiche en stéréotypes de genre, entre un papa macho, une grand-mère docile et une maman si belle que la caméra s’attarde d’abord sur ses lèvres et ses yeux maquillés avant de la filmer en entier.

Ceux qui connaissent le parcours du cinéaste n’auront pas de mal à dresser ce parallèle, mais il n’est en réalité jamais question de transidentité ou de coming out dans L’Immensitá . Adri est considérée comme un garçon manqué et ça s’arrête là. Son récit n’est pas un récit d’apprentissage, il stagne au contraire sagement sans atteindre l’âge où l’on devine que ces questions seront inévitable. Il faut dire que L’Immensitá a beau être vu à travers les yeux d’Ardi, le long métrage se concentre bien davantage sur le personnage de la mère. Libre et sensuelle, celle-ci n’est pas toujours très éloignée des stéréotypes mais au moins est-elle interprétée avec charisme et allant par Penélope Cruz.

Dans son ensemble, L’immensitá cherche moins à construire un récit allant de A à Z qu’à reconstituer une atmosphère pittoresque, quitte à utiliser des formules sentimentales certes efficaces mais convenues (la famille qui danse sur des tubes d’antan autour de la table), quitte aussi à ressembler davantage à une succession de souvenirs reconstitués qu’autre chose. Un grain de folie bienvenue déboule çà et là quand les protagonistes se retrouvent projetés (parfois en drag king) dans des chansons populaires à la télévision, mais le meilleur atout du film reste Penélope Cruz, qui brille tant qu’elle en éclipse tout le reste.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article