L’ÉTERNEL RETOUR

Liborio débute par des images apocalyptiques, son héros est pris dans une impressionnante tempête, se réfugie dans une grotte qui a rapidement l’air hantée et c’est bien là qu’il va s’éteindre. Pourtant, il va revivre. Le surnaturel dans Liborio est montré comme appartenant au quotidien, à l’image de la mise en avant dans le film de divers rituels religieux. C’est un Lazare qui revient parmi les siens, un sorcier qui va venir à leur chevet.

Le premier long métrage Nino Martínez Sosa (lire notre entretien) mêle de manière intéressante la dimension mystique de son sujet à un traitement réaliste, historique. Liborio n’est jamais tourné comme un film fantastique – il s’inspire d’ailleurs de faits réels. Il y a bien quelque chose d’orageux dans Liborio, quelque chose qui gronde (l’étrange accumulation de bêlements de chèvres, le bruit des chauve-souris, les sabots d’invisibles chevaux qui claquent) mais la menace dans le film est bien plus naturelle que surnaturelle.

Dans une nature accidentée aux couleurs voilées, le quotidien est troublé par des colons. Nino Martínez Sosa use du fantastique comme un outil politique : le pouvoir de Liborio doit être anéanti, sinon maîtrisé par l’envahisseur. Liborio raconte un espoir qui ne veut pas mourir, et compose finement une métaphore politique sur les peuples autochtones – avec une ambigüité sur leur place et leur avenir. Même si le film aurait pu parfois avoir narrativement plus de relief, Nino Martínez Sosa signe un récit convaincant au point de vue plutôt singulier et élégamment mis en scène.

>> Liborio est désormais disponible sur Mubi

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