A voir en ligne | Critique : Les Enfants d’Isadora

Après la mort de ses deux enfants en avril 1913, la danseuse mythique Isadora Duncan a composé un solo intitulé La mère. Dans un geste d’une grande douceur, une mère y caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir. Un siècle plus tard, quatre femmes font la rencontre de cette danse.

Les Enfants d’Isadora
France, 2019
De Damien Manivel

Durée : 1h24

Sortie : 20/11/2019

Note :

ET PUIS NOUS DANSERONS

En quelques courts et longs métrages, le Français Damien Manivel a développé un univers et une sensibilités qui lui sont propres. Une épure gracieuse qui laisse parfois place à une forme de magie, une sorte de ligne claire à la fois radicale et accueillante. Les Enfants d’Isadora, à nouveau, exclut le superflu tout en ne se concentrant que sur l’anecdote, l’entre-deux, l’attente, le silence. Le film glisse entre trois personnages qui ont en commun Isadora Duncan et ses créations chorégraphiques. « Ma vie », lit l’une des héroïnes ; c’est un livre d’Isadora Duncan, et c’est leurs vies à elles aussi.

On danse dans Les Enfants d’Isadora mais à plusieurs reprises sans musique. On s’attache à chaque geste qui a un sens. Sans musique, mais pas sans bruits : celui des pas ou de l’environnement, en tout cas les danseuses ne sont jamais coupées du monde. Manivel laisse de la place, dans tous les sens du terme, à ses personnages et à leurs respirations, aux spectateurs et à leur imagination. Il parvient avec délicatesse à filmer l’invisible volume des enfants absents, ou le poids de la solitude comme dans son beau court Un dimanche matin.

Dans Les Enfants d’Isadora, la simplicité de la forme filmique contraste avec les hiéroglyphes des partitions. Il y a ici un dépouillement élégant qui embrasse les sentiments complexes des héroïnes, et ce qui est indicible pour elles trois. « Je peux comprendre une histoire parce que les gestes me la racontent », enseigne t-on. Outre le pouvoir universel de la danse, le long métrage croque avec finesse et douceur les différentes solitudes de ses personnages, dont l’émotion corporelle se substitue à celle des mots.


>>> Les Enfants d’Isadora est visible en vod sur la page de Shellac

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par Nicolas Bardot

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