Films de Femmes de Créteil | Critique : Le Spectre de Boko Haram

Falta, Ibrahim et Mohamed, trois enfants vont à l’école dans le village de Kolofata, à la frontière avec le Nigéria ; sous la menace de Boko Haram. C’est l’histoire d’une seconde chance, d’une zone de conflit, du point de vue des enfants, des enfants qui eux ne cessent jamais de vivre.

Le Spectre de Boko Haram
Cameroun, 2023
De Cyrielle Raingou

Durée : 1h20

Sortie : –

Note :

A L’OMBRE DE LA HAINE

Des flammes envahissent le premier plan du Spectre de Boko Haram. L’histoire débute par un chant : celui d’un griot qui raconte la menace de l’organisation terroriste, et la ville qui peu à peu s’est vidée. Plus loin, un panneau bien mal en point clame « Bienvenue à Kolofata ». La cinéaste camerounaise Cyrielle Raingou (lire notre entretien) filme ce lieu, ses habitants, et plus particulièrement ses enfants. Comment grandit-on avec une telle menace, tapie dans les montagnes aux alentours ? Le sujet a beau être dramatique, le regard de Raingou porté vers les enfants – leurs inquiétudes, mais aussi leurs jeux, leur innocence, leurs rires – permet d’éviter le sensationnalisme.

Des enfants donc, qui vont à l’école, qui se racontent des histoires, comme d’autres enfants de leur âge. Sauf que l’école est entourée par l’armée, qu’un hélicoptère peut traverser le ciel à tout moment et qu’au loin on entend le bruit des balles. Avec quels traumatismes doivent-ils grandir, quel spectre pèse sur eux, la violence peut-elle monter à la tête ? Des gosses chantent une comptine où l’on tue l’ennemi, tandis que d’autres gamins rebelles pensent pouvoir régler leurs problèmes à coups de couteau.

Une fillette, elle, se questionne sur son père. Sa mère se remémore, ceux qui sont partis, dont on se souvient, là encore des spectre. « Le passé est le passé », essaie t-elle de balayer d’une main, sans trop y croire. Des disparitions peuvent avoir lieu, des jeunes sont pris dit-on par la rivière. Dans ce décor paisible, des balles à nouveau sont entendues, tandis que l’une des protagonistes se réjouit de ses bons résultats scolaires. De facture assez classique, Le Spectre de Boko Haram est un solide documentaire qui vient de remporter le Tiger Award du meilleur long métrage à Rotterdam.

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par Nicolas Bardot

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