Festival de Locarno | Critique : La Mort viendra

Tez tue pour de l’argent. Charles Mahr, un gangster légendaire, lui confie la mission de venger le meurtre de l’un de ses coursiers. Tez se retrouve rapidement prise dans les méandres d’une intrigue dans laquelle elle devient elle-même la proie. Elle devra choisir son camp.

La Mort viendra
Allemagne, 2024
De Christoph Hochhäusler

Durée : 1h41

Sortie : –

Note :

UN PLAN SIMPLE

Alors qu’il avait fallu attendre son précédent film pendant neuf longues années, Christoph Hochhäusler est déjà de retour, à peine un an plus tard. Comme l’indique son titre, La Mort viendra est un film francophone, une première pour le cinéaste allemand qui situe ici son intrigue à Bruxelles. Hasard ou coïncidence : le récit de ce film noir débute avec un tableau volé qui passe de mains en mains, soit exactement le même point de départ qu’un autre film allemand dévoilé il y à peine quelques mois : Scorched Earth de Thomas Arslan. Comme ce dernier, Hochhäusler était il y a vingt ans l’un des cinéastes phares du mouvement de L’Ecole de Berlin. Difficile de ne pas remarquer le parallèle entre la carrière de ces deux cinéastes passés au fil des ans d’un cinéma d’auteur radical et fantomatique à des films d’espionnage aux styles nettement plus directs.

Hochhäusler n’a pas peur de se frotter aux archétypes du genre, on ressent même par ricochet son plaisir au moment de pousser certains d’entre eux dans une éventuelle direction camp, telle cette irrésistible méchante en fourrure et lunettes de soleil ou encore cette matriarche aveugle à la tête d’une maison close, deux personnages qu’on aurait aimé voir au tout premier plan à la place des papas taiseux qui vapotent. Il n’y a ni moquerie ni ironie artificielle dans ce récit policier accessible qui se suit sans faiblir, mais les films d’Hochhäusler ont très souvent été traversés par un regard queer, qu’il s’agisse des fantasmes SM adolescents de L’Imposteur au chassé-croisé trans de Till the End of the Night, pour prendre les exemples les plus frontaux.

Le spectateur fidèle distinguera donc sans doute un clin d’œil derrière certains détails qui passeront pour des conventions du genre aux yeux des autres (des violons sentimentaux accompagnant les lamentation d’un vieux mec disant « je voulais tant qu’elle fasse la pute pour moi »), tandis que d’autres éléments nécessitent moins d’interprétations, tel ce personnage de tueuse à gage garçonne qui drague des serveuses au comptoir. Ce sont néanmoins peut-être les spectateurs vierges qui apprécieront ce polar de la façon la plus directe. Les admirateurs de la première heure risquent de perdre du temps à essayer de transposer la fascinante complexité psychologique des anciens films d’Hochhäusler sur cette œuvre qui surprend finalement surtout par sa simplicité. 

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par Gregory Coutaut

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