A voir en ligne | Critique : Jane Campion, la femme cinéma

Première femme à avoir remporté la Palme d’or à Cannes, pour La Leçon de piano, la réalisatrice Jane Campion a su en 40 ans se tailler une place unique dans le panthéon très masculin du cinéma. Réalisatrice plasticienne et iconoclaste, subtile portraitiste de l’âme humaine et des femmes, Jane Campion est aussi une cinéaste secrète, à la fois discrète et fantasque, douce et impertinente, parfois incomprise.

Jane Campion, la femme cinéma
France, 2022
De Julie Bertuccelli

Durée : 1h38

Sortie : en ligne sur le replay d’Arte

Note :

BRIGHT STAR

Jane Campion seule femme sur scène parmi une multitude d’hommes, lors d’une cérémonie célébrant le Festival de Cannes et ses cinéastes : s’il fallait une nouvelle preuve qu’une image vaut mille morts, Julie Bertuccelli l’a bien trouvée dans le documentaire qu’elle consacre à la cinéaste néo-zélandaise. Ce n’est pas tant parce que les femmes cinéastes n’existeraient pas – plutôt parce qu’elles ne méritent visiblement pas l’attention dont jouissent leurs pairs masculins, même dans le plus grand festival de cinéma du monde. Campion est posée là, comme une drôle d’anomalie.

C’est, sans surprise, une histoire de la misogynie qui se dessine lorsque Bertuccelli raconte Campion, comme quand cette dernière doit subir dès le début de sa carrière la haine sexiste de techniciens masculins. Mais Jane Campion, la femme cinéma se concentre surtout sur ce qui distingue et caractérise la réalisatrice de Un ange à ma table, La Leçon de piano, Portrait de femme ou encore Bright Star. Quelles différentes formes de romantisme peut prendre son œuvre ? Comment la Nouvelle-Zélande nourrit-elle sa filmographie ? Quelles histoires raconte-t-elle et que les autres ne raconteront pas ?

Le documentaire explore la dimension féministe du cinéma de Campion, qui se définit elle-même comme une anthropologue. Car c’est avant tout la voix de Campion que l’on entend, sans aucun commentaire supplémentaire. Voilà la meilleure idée de ce film qui lui laisse toute la place pour un portrait en profondeur. De l’accueil tumultueux de Sweetie à la mauvaise presse de In the Cut que Jane Campion accueille dans un éclat de rire, en passant par l’émotion paradoxale qui a accompagné sa Palme d’or, Julie Bertuccelli déroule avec pertinence le fil d’une passionnante carrière et d’une personnalité à part.


>> Jane Campion, la femme cinéma est disponible sur le replay d’Arte

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par Nicolas Bardot

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