Festival de Rotterdam | Critique : In My Mother’s Skin

Philippines, 1946. Une famille aisée vit recluse dans son manoir de campagne, tandis que l’occupant japonais perd peu à peu le contrôle du pays. Des rumeurs se sont répandues selon lesquelles le patriarche, Aldo, aurait volé de l’or japonais et l’aurait caché quelque part à proximité. La mère de famille tombe malade. Cherchant de l’aide, leur jeune fille, Tala, place toute sa confiance en une fée séduisante mais mangeuse de chair humaine…

In My Mother’s Skin
Philippines, 2023
De Kenneth Dagatan

Durée : 1h97

Sortie : –

Note :

VIERGE ICONOCLASTE

Tata et sa famille vivent en bordure de la jungle dans une demeure au charme cossu qu’on devine déjà hantée. Produit par Eric Khoo, In My Mother’s Skin a beau être un film en costumes (l’action se déroule à la fin de la Seconde Guerre Mondiale), la mise en scène laisse en effet peu de doute sur le traitement fantastique ici à l’œuvre. Une forêt, une sorcière, des jeunes personnages laissés à leur propre sort : on est bien ici dans un conte pour enfant, donc forcément merveilleux et terrifiant.

La menace ne vient pourtant pas d’entre les murs du manoir. Elle vient d’abord de l’envahisseur japonais qui pousse la famille à vivre recluse, mais elle se trouve aussi dans quelque chose de plus immédiatement surnaturel. Afin de sauver sa mère, Tata invoque l’aide d’une fée croisée dans la jungle. Mi-vierge espagnole, mi-reine du carnaval, la tenue de cette dernière vaut le coup d’œil, à tel point qu’on comprend la fascination de l’enfant.

Avec un méchant à l’iconographie à cheval entre le folklore philippin et celui des colons, avec pour sujet une horreur à la fois réelle (celle du monde adulte) et métaphorique (celle des enfants), In My Mother’s Skin possède un fort potentiel. Celui-ci s’étiole à mi-parcours, la faute à une structure narrative qu’on airait aimé plus efficace. Dans un tel récit folklorique, le décorum compte certes pour beaucoup, et il est ici réussi, mais il ne suffit pas à maintenir sur toute la longueur la tension de ce beau conte tropical et gothique.

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par Gregory Coutaut

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