Jill et Lisa vivent dans un quartier de banlieue idyllique. Lorsque Jill, dans un geste altruiste, offre son nouveau-né à Lisa, la paranoïa la submerge, tandis que ses peurs et ses angoisses prennent rapidement le dessus.
Greener Grass
États-Unis, 2019
De Jocelyn DeBoer & Dawn Luebbe
Durée : 1h35
Sortie : –
Note :
ROSA MALHEUR
On a l’habitude, venant du cinéma indépendant américain, de voir des films gentiment décalés. Parmi ces films, beaucoup sont in fine assez conventionnels et le grain de folie n’est porté que comme un badge. Dans ce registre, Greener Grass, premier long métrage de Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe (lire notre entretien), est hors catégorie : il n’est plus question ici d’un simple grain de folie mais d’une plage entière. La générosité WTF est absolument illimitée dans ce long métrage qui regorge d’idées génialement absurdes, qu’il s’agisse du détail (les programmes télévisés regardés par les personnages, de l’or pur en matière de débiloïderie lunaire) ou des arcs narratifs des protagonistes (le sort de l’enfant d’une des héroïnes). Elles ont osé ? Oui, comme dans chacune des scènes du film.
Le générique de Greener Grass s’inscrit sur une bouche en gros plan, celle-ci peine à maintenir son sourire et il ne reste qu’un rictus tremblotant sur un appareil dentaire. Greener Grass est une farce grotesque sur la bienséance et les convenances et semble se dérouler dans une banlieue où des real housewives, leurs époux, leurs rejetons et leurs chiens, sont tous paisiblement shootés à une drogue hallucinogène. On suit ici des règles de sociétés comme on lirait du Nadine de Rotschild – et le bon sens n’a généralement aucun sens.
Dans Greener Grass, le malaise est rose bonbon et le kitsch cringe. Une famille semble habiter la maison de Barbie, l’autre celle des Sylvania. Dans ce voisinage ultra-codé, l’identité devient un concept un peu flou et glissant. Jacqueline Chadek semble s’être déguisée en Stepford Wives pour s’infiltrer dans chaque logis. Le synthé et ses jingles nous donnent l’impression d’être devant des épisodes de La Fête à la maison. Jocelyn DeBoer et Dawn Luebbe scrutent ce qui va déraper, ce qui va craquer, mais sans jamais sortir de cet étrange nuage rose. Comme si le John Waters des 90s rencontrait le récent Make Me Up de Rachel MacLean et son esthétique Polly Pocket. Le résultat est un jubilatoire saut sans parachute dans une fantaisie surréaliste qui ne perd jamais de vue le réel.
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par Nicolas Bardot