Berlinale | Critique : Gloria!

1800, au collège Sant’Ignazio, un vieil institut musical décrépit pour filles, quelque part près de Venise. C’est là que vit « la Muette », une servante silencieuse et solitaire chargée des tâches les plus humbles. Personne ne sait qu’elle s’appelle Teresa ; personne ne soupçonne qu’elle possède un talent extraordinaire qui lui permet de ressentir l’harmonie de l’univers et de remodeler la réalité à travers la musique…

Gloria!
Italie, 2024
De Margherita Vicario

Durée : 1h40

Sortie : –

Note :

LA POSITIVE ATTITUDE

Dans la première scène de Gloria!, les protagonistes (l’héroïne, Teresa, et les enfants qui l’entourent) communiquent sans paroles mais avec des notes de musique. Voilà un pari qui peut être prometteur dans le premier long métrage de l’Italienne Margherita Vicario, elle-même chanteuse. La musique est une langue pour Teresa, jeune femme qui ne parle pas, et pour qui tout est musique autour d’elle. Peu de temps après, à travers le point de vue sensible de Teresa, un moment du quotidien est transfiguré en scène de film musical : les bruits qui l’entourent deviennent des notes et composent une rythmique, une mélodie. La recette : une légère pincée de Dancer in the Dark, et trois louches épaisses de Disney.

Car malheureusement, très vite, Gloria! chausse de lourds sabots. Le ton donne l’impression de voir une adaptation de roman young adult, la direction d’acteurs pousse tout le monde à surjouer comme dans une telenovela. Le film, pourtant, est indubitablement rempli de bonnes intentions. Vicario tente de redonner leur place à des femmes effacées d’une histoire machiste. Ces adolescentes, même en 1800, ont soif d’émancipation tandis que la Révolution Française voisine ouvre de nouvelles perspectives. Tout le propos est parfaitement louable, mais la main nous semble toujours trop lourde.

Lorsqu’une de ses camarades souhaite exprimer ses sentiments musicalement, Teresa l’encourage et l’accompagne avec un piano sirupeux digne d’un confessionnal d’émission de télé-réalité. Le film prend le parti d’avoir une musique moderne, composée par Teresa qui non seulement ressent la musique en toute chose mais compose aussi une musique « du futur ». Las, quand Gloria! bascule Glee et que sa copine se met à beugler de la variété, le thermomètre du cringe se met à exploser. Gloria! se prend également les pieds dans ce paradoxe où des jeunes filles en quête de liberté font leur propre musique hors des codes, tout cela dans un film sans regard, très stéréotypé et, hormis son décalage musical, très académique. Le dénouement embarrassant et super cheesy, dans lequel les gentils sont très gentils et les méchants décidément très méchants, est à nos yeux beaucoup trop naïf, beaucoup trop sucré, malgré toute la bonne volonté.

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par Nicolas Bardot

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